Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il revient sur la gestion catastrophique de la crise sanitaire en Europe. Après le problème des tests et des masques, celui des vaccins créé de graves problèmes diplomatiques au sein de l'Union européenne.
Ce lundi, Emmanuel Macron a exhorté les Européens à faire preuve de "plus d’efficacité".
L’Europe et le Covid, c’est l’histoire d’un fiasco retentissant. C’est simple, depuis le début de la crise sanitaire, l’Europe a globalement tout raté. Et d’abord sa réponse à l’épidémie : si effectivement tous les Européens ont eu droit à un moment ou à un autre à un ou plusieurs confinements, les périodes ont été différentes, les restrictions de libertés ont été différentes, les résultats ont été différents. Même cacophonie entre pays lorsqu’il a fallu se procurer en urgence de quoi lutter contre le virus des masques, du gel, des test). C’était chacun pour soi.
Sauf qu’à côté de cet individualisme, il y a eu aussi un réflexe commun : c’est l’Europe qui a négocié et acheté les vaccins.
C’est vrai, c’était une bonne idée a priori : faire masse pour peser sur les négociations. Sauf que la Commission a mis plus de temps que partout ailleurs dans le monde pour conclure ses négos avec les labos, puis on a pris du retard dans la certification des vaccins, et, pour couronner le tout, la confidentialité des clauses de l’accord a fini par créer de la défiance sur l’ensemble du dispositif. D’ailleurs tout ça a en partie volé en éclat puisque les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas pu respecter les contrats, et livrer les quantités promises de doses de vaccins. Résultat, une grave crise diplomatique en Europe.
Entre la Commission européenne et Londres, avec des dommages collatéraux sur l’Irlande.
Effectivement. Le projet de bloquer les vaccins aux frontières de l’Angleterre a très vite été annulé, mais la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ressort affaiblie de ce magistral loupé, et ça laissera des traces. Au fond, cette crise du Covid qui dure depuis bientôt un an a révélé et accentué les faiblesses congénitales de l’Europe. Individualisme exacerbé de quelques pays, lourdeur des procédures, bureaucratie : même le lancement d’un emprunt commun de 750 milliards d’euros, un projet historique porté conjointement par Emmanuel Macron et Angela Merkel, a mis des mois à être avalisé, ensablé à Bruxelles et au Parlement européen (d’ailleurs seule une poignée de milliards a été débloquée). On en est là, avec des opinions publiques nationales qui ont appris à comparer les performances ou les ratés de leur gouvernement, exactement l’inverse d’un état d’esprit communautaire. Et voici que depuis ce lundi les frontières sont fermées, y compris entre pays européens. C’est sûr, si le virus a fait une victime inattendue, c’est bien de l’Union européenne et de la Commission qu’il s’agit.