Chaque matin, Nicolas Beytout, le directeur du journal "L'Opinion" analyse l'actualité politique et nous livre son point de vue. Ce mercredi, il revient sur la bataille des élections régionales de juin prochain qui a déjà commencé pour les partis politiques.
Les élections régionales, c’est dans quatre mois (les 13 et 20 juin prochains), et on assiste en ce moment à une accélération des grandes manœuvres...
"Oui, c’est l’effervescence autour de la constitution des listes. Pour les petits partis, le problème est d’être présent partout et donc de trouver suffisamment de candidats en sachant qu’ils seront quasiment tous sèchement battus. Pas franchement stimulant. Quant aux plus grands partis, leur problème est très différent...
Oui, je suppose qu’ils n’ont pas de problème de recrutement, eux…
Non, leur sujet n’est pas combien, mais qui, ou plutôt avec qui ? À gauche, ces régionales vont servir de dernier test-match avant la présidentielle. Chacun va y mesurer ses forces. C’est le cas en particulier entre les socialistes et les écologistes : celle des deux forces politiques qui devancera l’autre prendra une sérieuse option sur le leadership dans la course à la présidentielle. C’est en Ile-de-France que le duel sera le plus scruté de près, entre Audrey Pulvar, casaque Hidalgo, et Julien Bayou, toque Jadot-Piolle. Ce classement dira beaucoup de choses sur la campagne électorale d’après.
Et pour les autres partis, à droite et au centre ? On joue aussi la campagne électorale d’après ?
Exactement. Du côté du Rassemblement national, les choses sont simples : personne ne veut s’allier avec eux. Mais entre La République en Marche et les Républicains, c’est un peu 'je t’aime-moi non plus'. Christophe Castaner et Stanislas Guérini, les patrons respectifs des députés et du parti d’Emmanuel Macron, font des œillades à la droite, évoquant même un espoir d’accords larges avec elle. Refus clair et net des Républicains : aucune alliance ne sera nouée avec le parti du chef de l’Etat.
Toujours à cause de l’élection présidentielle à venir : pas question en effet pour la droite de faire liste commune avec le mouvement d’un président contre lequel elle s’apprête à batailler dans un an. Pactiser avec les troupes d’Emmanuel Macron, ce serait valider un peu plus encore cette stratégie de 'siphonage' des électeurs de droite que le chef de l’Etat a si bien réussie depuis son arrivée à l’Elysée.
Donc pas d’alliance à prévoir. Même si ça peut entraîner pour la droite la perte d’une région, en Provence-Alpes-Côte d'Azur par exemple ?
Non, rien à ce stade. En fait, le scénario le plus probable à ce jour, c’est que ni le parti de Marine Le Pen, ni celui d’Emmanuel Macron ne seraient en mesure de remporter une région. On aurait donc cet étrange cas de figure où les deux probables finalistes à l’élection présidentielle, les deux candidats qui, à l’échelle du pays, pourraient réunir le maximum de voix sur leur nom, seraient ceux qui n’arrivent même pas à avoir une existence sérieuse sur le territoire. Une anomalie de plus dans les dérèglements de notre démocratie."