Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur les propositions de Convention citoyenne pour le climat, regrette le manque d'originalité et s'insurge contre la proposition de taxe sur les dividendes.
Les membres de la Convention citoyenne pour le Climat ont rendu leur verdict ce weekend, ils ont remis leurs 149 propositions à Emmanuel Macron.
149 propositions et pas 150. Il en manque une puisque la Convention citoyenne s’était fixé un objectif simple à retenir : 150 membres et 150 propositions. Mais voilà, l’une d’entre elles n’a pas passé le cap du vote et a été rejetée en dernière extrémité. Il faut dire qu’à elle seule, elle aurait ridiculisé tous les travaux de cette Convention.
Quelle était donc cette idée si controversée ?
La réduction du temps de travail à 28 heures, sans perte de salaire. On se pince pour y croire, mais cette proposition lunaire était donc à deux doigts d’être adoptée. Elle avait passée toutes les étapes de la discussion. Il semble d’ailleurs que ce ne soit pas l’aspect insensé de ces 28 heures qui ait fait caler les Conventionnels, mais la peur du ridicule. La France est déjà le seul pays au monde à avoir imposé les 35 heures, et, à un moment où tout le monde s’inquiète de la récession et de l’arrivée de centaines de milliers de chômeurs à Pôle emploi, il fallait une bonne dose d’inconscience pour expliquer que l’avenir, c’était de travailler moins, de consommer moins pour atteindre la décroissance.
Quelle est la tonalité du reste des 149 propositions ?
Aucune originalité. Le tout-venant habituel : moins d’avion, moins de voiture, moins de publicité, moins de viande, moins de clim… C’est d’un banal… Aucun courage. Bien entendu, la question du coût de ces mesures ou de leur application ne semble même pas s’être posée. C’était prévisible : demander à 150 personnes si elles sont pour qu’on fasse plus pour la planète, tout le monde est d’accord. Pour le reste, on sent bien que cette assemblée a été prise en main par quelques personnalités à caractère dominant, et d’autres largement politisées.
Ces propositions ne font preuve d’aucun courage. Il y en a quand même quelques-unes qui secouent comme par exemple ces 110 Km/h sur autoroute.
Ce ne sera jamais appliqué. C’est donc par définition une proposition inutile, et sûrement pas courageuse. L’audace, ça aurait été d’appuyer le principe de la taxe carbone, qui est considérée partout dans le monde comme la mesure pour lutter contre le réchauffement climatique, celle qui peut imposer un changement aux entreprises comme aux personnes. Mais non : comme cette Convention était une suite du mouvement des Gilets jaunes, qui s’étaient justement rebellés contre cette taxe carbone et la hausse du prix des carburants, à la trappe. C’est sûr, c’est plus facile de proposer une taxation des dividendes. C’est bien-pensant, la confiscation des profits. Et tant pis si cette transformation écologique que les 150 veulent imposer exige d’énormes investissements de la part des entreprises. Personne ne semble se soucier de savoir d’où viendra l’argent. Cet exercice de démocratie directe aurait pu être une véritable innovation et apporter une vraie valeur ajoutée. Mais non, cette Convention est juste conventionnelle. Dommage.