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Emmanuel Macron parle et n’ignore plus les corps intermédiaires. Cela veut-il dire qu’il ne se passera plus rien dans la seconde partie du quinquennat ?

Après la séquence du G7 qui l’a beaucoup exposé dans les médias sur les sujets internationaux, Emmanuel Macron a prévu de s’adresser aux Français la semaine prochaine.

Le président de la République parle désormais tout le temps. Attention, pas les petites phrases, dont il a le secret, non, mais interview télé, intervention sur un site web, conférences de presse (au pluriel), déclarations officielles (là aussi au pluriel), cette accélération est spectaculaire. Encore plus si on la compare à ce qui se passait jusque-là : Emmanuel Macron n’avait pas de mots assez durs contre ce qu’il appelait la "présidence bavarde" de François Hollande, et il avait théorisé le retour à une exigence de silence médiatique, un peu à la façon du sphinx Mitterrand.

C’était son côté Jupiter des débuts du quinquennat ?

Voilà. L’image du chef qui gouverne, qui fait tomber ses décisions d’en haut dans un rapport d’autorité avec le peuple. Tout ça paraît désormais très loin. C’est la crise des Gilets jaunes qui a fait comprendre au chef de l’Etat qu’en se coupant des rouages et relais habituels du pouvoir, il s’était coupé des Français. C’était d’ailleurs son choix. Il l’avait théorisé, là aussi, pour en faire sa méthode de gouvernement au service de sa promesse principale de campagne : une nouvelle façon de faire de la politique au service de l’efficacité.

Tout a changé avec le Grand débat ?

Avec cet exercice qu’Emmanuel Macron a réussi et qu’il a aimé, ça l’a convaincu de changer du tout au tout de méthode de gouvernement. C’est de là que vient la promesse de concertation sur la réforme des retraites. Elle avait pourtant été longuement préparée, disséquée, triturée dans tous les sens par son géniteur, Jean-Paul Delevoye, avant qu’Emmanuel Macron ne décide de la remettre une fois de plus en débat.

Avec le changement de pied notable sur l’âge de départ à la retraite ?

La question des fameux 64 ans, qui hérissait les syndicats (et surtout la CFDT) et qui a été subitement évacuée par le président. C’est un double symbole, bien sûr. D’abord que le projet de réforme n’est pas verrouillé, et ensuite que le pouvoir va écouter les fameux corps intermédiaires.
On est dans un processus qui est rigoureusement l’inverse de ce qui s’était passé avec les ordonnances sur le droit du travail, il y a exactement deux ans. Tout s’était déroulé à la cadence d’un métronome, et ça avait été efficace.
Et il est là le risque de cette nouvelle méthode de gouvernement voulue par le chef de l’État. Sera-t-elle efficace ou va-t-elle s’embrouiller dans des négociations, se dissoudre dans des concessions ou des renoncements ? Autre façon de poser la question : est-ce qu’Emmanuel Macron s’est trompé dans son diagnostic initial sur la France, et sur sa propre capacité à la bousculer sans l’enflammer ?
Est-ce qu’il sera différent de Jacques Chirac (figé sur le social) ou de François Mitterrand (immobile avec son célèbre ni-ni du second septennat) ? Il reste environ 500 jours utiles au quinquennat, 500 jours pour trouver le bon dosage entre l’audace et l’apaisement.