Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la montée du mouvement #SaccageParis. Selon lui, ce n'est pas un sujet parisien mais un frein au destin national d'Anne Hidalgo pour 2022.
Nicolas Beytout revient ce mercredi matin sur un sujet qui semblait jusqu’à récemment anecdotique, mais qui est en train de devenir un problème politique pour la Mairie de Paris.
Un mouvement qui a été lancé sur Twitter, avec le #SaccageParis, qui, comme son nom l’indique, recense les dégradations visibles dans les rues de la capitale. Et ce qui semblait n’être à l’origine qu’un coup de colère de quelques habitants (avec sûrement pour certains d’entre eux une arrière-pensée politique), c’est aujourd’hui des dizaines de milliers de tweets, avec des photos reprises souvent par des milliers de personnes.
Est-ce que la Mairie de Paris a réagi ?
Elle a d’abord regardé tout ça avec dédain, dénonçant une basse manœuvre de l’opposition. Puis, elle a fini par comprendre qu’elle ne pouvait pas rester silencieuse. Anne Hidalgo a donc envoyé au feu son bras droit, Emmanuel Grégoire, le rescapé du couac sur le confinement dur de trois semaines, qui a astucieusement rétréci le débat pour ne parler que de la propreté (ou plutôt de la saleté) des rues.
Qui est effectivement un sujet très souvent pointé par les Parisiens.
Oui, saleté et insalubrité. Pour sa défense, la Mairie invoque le manque de moyens. Il faudrait augmenter les impôts et les amendes, mais aussi l’incivilité de certains habitants, et le Covid qui a immobilisé 10% des effectifs de nettoyage dans une ville où les fonctionnaires travaillent moins de 35h par semaine. Pas très convaincant, donc. Mais surtout, "Saccage Paris" soulève plusieurs autres sujets.
Lesquels par exemple ?
Le manque d’entretien des équipements publics, qui se dégradent et sont à peine rafistolés, et la laideur des aménagements et des mobiliers urbains. Il est vrai que transformer un parvis d’église en verger façon ZAD avec un amoncellement de palettes n’est pas très qualitatif. De même que les uri-trottoirs et les pompes à urine qui ont été installés ici et là pour faire du compost sont d’une esthétique incertaine. Et puis, dans une ville pluri-centenaire, que des grands anciens ont embellie et aménagée avec soin, voir des plots jaunes ou des blocs de béton taillader les rues pour en faire des pistes de vélo plus ou moins définitives, c’est un peu étrange. Même l’avenue de l’Opéra, la seule à Paris à n’avoir aucun arbre sur demande expresse de l’architecte du Palais Garnier, est aujourd’hui défigurée.
Est-ce que ce n’est pas une polémique très parisienne ?
On ne serait pas à un an de la présidentielle, oui. Mais voilà, Anne Hidalgo ne fait pas mystère de ses intentions. Et voir grossir le passif d’une gestion qui met en cause sa capacité à gérer la capitale, à y lutter contre les incivilités, l’insécurité, et à respecter ce qui fait le patrimoine et une partie de la mémoire des Français, c’est forcément, pour elle, un problème qui dépasse le seul territoire situé à l’intérieur du périphérique parisien.