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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il revient sur les débats et du vote au Parlement autour des nouvelles annonces du gouvernement. Selon lui, la recherche d’un consensus autour de la lutte contre le Covid est désormais totalement inutile.

Après les annonces d’Emmanuel Macron mercredi soir à la télévision, Jean Castex a présenté le dispositif du confinement à l’Assemblée et au Sénat. Avec, selon Nicolas Beytout, un accueil mitigé.

On peut même dire que l’opération politique a été ratée. Bien sûr, les deux chambres ont voté le soutien au nouveau confinement et à la fermeture des écoles. Mais c’est un vote par défaut. Seuls les parlementaires En Marche ont approuvé.

Et les autres, ils ont voté contre ? Ils se sont abstenus ?

Ni l’un, ni l’autre : ils n’ont pas pris part au vote. Façon de dire au gouvernement : "votre consultation, c’est un piège à… "

C’est à ce point ?

Le Président annonce le dispositif et tous les détails qui vont s’imposer aux Français, et il demande ensuite, tranquillement, aux parlementaires de donner leur avis. Imaginez, on vous demande votre point de vue sur un projet après qu’il a été adopté et en précisant que ce que vous direz ne changera rien. Bon, plutôt que de faire du bruit avec la bouche, tous ceux qui ne sont pas Macron se sont levés, et ils sont partis. Ils ont fait du bruit avec leurs pieds.

Ça fait quand même un peu mouvement d’humeur, non ?

Peut-être, oui, mais ça recouvre aussi quelque chose de plus profond que ça. D’abord que la recherche d’un consensus autour de la lutte contre le Covid est désormais totalement inutile. Il y a un an, et plusieurs fois au cours de ses sept interventions précédentes, Emmanuel Macron en avait appelé à l’Union nationale. Et au début, avec l’effet de sidération dû au premier confinement et à la violence de l’épidémie, oui, les Français étaient unis, et oui, les différentes familles politiques avaient tu leurs divergences. Mais voilà, avec le temps et l’accumulation des bugs dans le dispositif sanitaire, tout ça s’est émoussé. Fini les appels à l’Union nationale. D’ailleurs, à un an de l’élection présidentielle, ce serait encore plus peine perdue.

Et c’est un problème ? Politiquement, c’est gênant pour le pouvoir ?

Compte tenu du peu de considération que manifeste Emmanuel Macron pour les parlementaires, ça ne devrait pas être très gênant, non. Mais tout de même, ces débats houleux, ce non-vote de plusieurs centaines de députés et de sénateurs (plus de 500 sur 925), c’est un signal fort et une image d’isolement de la majorité qui n’est pas bonne. D’ailleurs, ça pourrait avoir des répercussions concrètes. Dans quelques semaines, il faudra vraisemblablement prolonger l’état d’urgence sanitaire. Pas sûr que tous les alliés de La République en Marche l’acceptent. Et là, ça pourrait vraiment devenir gênant.