Santé ou économie : l'arbitrage impossible entre deux risques mortels

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Entre grogne sociale et crise économique, c'est une semaine à haut risque qui démarre pour le gouvernement qui va devoir prendre position sur les deux risques majeurs qui nous menacent : une embolie des hôpitaux ou une asphyxie de l’économie.

Aujourd’hui, 9 Novembre, nous sommes à J-3 d’une date qui sera très importante dans la lutte contre l’épidémie.

Lorsqu’il s’est adressé aux Français, le 28 Octobre dernier, pour leur annoncer le retour du confinement, Emmanuel Macron a fixé un premier rendez-vous d’évaluation deux semaines plus tard. "Tous les 15 jours, avait dit le Président, nous ferons le point de la situation. Et nous évaluerons alors si nous pouvons alléger certaines contraintes, en particulier sur le commerce". "Nous pouvons espérer ouvrir certains commerces", avait même précisé le chef de l’État.

Olivier Véran a annoncé ce dimanche qu’il observait une sorte de "frémissement", une forme de ralentissement de l’épidémie, a-t-il dit.

Sauf que dans les hôpitaux, la situation se tend de plus en plus avec 4.500 malades en réanimation pour 6.400 lits disponibles aujourd’hui. Ça va monter et Emmanuel Macron se retrouve donc devant un choix impossible. Depuis l’annonce de la fermeture des commerces non-essentiels, une révolte à bas bruit s’est développée, sur fond d’incompréhension fondamentale des choix du gouvernement face au petit comme au grand commerce. La pression pour rouvrir les magasins est donc immense. Quant au confinement lui-même, dès lors que la règle est que les entreprises doivent continuer à tourner, il devient tellement light par rapport au printemps que l’ensemble de la communauté scientifique en appelle à un durcissement des interdictions, en tout cas à plus de rigueur. Voilà, on est arrivé au point ultime de l’affrontement entre deux logiques totalement contraires : la survie d’une partie de l’économie et de tout ce petit commerce qui irrigue le territoire dans son entier ou la survie du plus grand nombre possible de malades.

Lors du premier confinement, Emmanuel Macron avait imposé la règle du "quoi qu’il en coûte".

Oui, mais ça n’est plus possible aujourd’hui. Plus possible d’arbitrer pour le tout médical contre l’économie. Les finances du pays ne peuvent plus le supporter. Mais impossible, à l’inverse, de laisser galoper le Covid, avec cette virulence qui semble avoir surpris tout le monde. En réalité, jamais depuis le début de l’épidémie on n’a à ce point touché du doigt la contradiction fondamentale entre ces deux objectifs. Et jamais la décision n’a été aussi compliquée à prendre, entre les deux risques majeurs qui nous menacent : une embolie des hôpitaux ou une asphyxie de l’économie.

Bruno Le Maire promet de faire des propositions détaillées au Président et au Premier ministre sur la réouverture des commerces.

Parce qu’il sait que beaucoup d’entre eux font d’habitude entre un tiers et la moitié de leur chiffre d’affaires annuel dans cette période. Alors, il pousse ses arguments en faveur de l’activité économique, et même s’il le nie, ça crée des tensions autour de Jean Castex. On est donc face à un arbitrage impossible entre deux risques mortels, sur fond de désaccords au sein de son gouvernement. Sur le front du Covid, c’est vraiment la semaine de tous les dangers.