De nombreuses personnalités politiques dont l'ancien président Nicolas Sarkozy se rendront aux Universités d'été du Medef que l'on appelle désormais "Rencontre des Entrepreneurs de France", l'occasion de se poser la question des relations entre le patronat et le pouvoir.
Nicolas Sarkozy interviendra ce jeudi devant les patrons du Medef qui sont réunis depuis ce mercredi dans leurs universités d’été.
L’ancien président de la République débattra avec des jeunes patrons sur l’actualité internationale. Il ne sera pas, loin de là, le seul homme politique (en activité ou pas) à intervenir lors de cette Rencontre des Entrepreneurs de France. Une douzaine de ministres de l’actuel gouvernement d’Édouard Philippe viendront discuter, débattre et expliquer leur politique. C’est un record…
Est-ce un thermomètre ? Est-ce que cela permet de mesurer la chaleur des relations entre le patronat et le pouvoir ?
Oui, certainement. Et c’est un fait, les relations entre les chefs d’entreprise et l’équipe au pouvoir sont bonnes. Dans leur grande majorité, les patrons ont, soit soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle, soit ils ont décidé de "faire avec", si l’on peut dire. Même chez ceux qui avaient soutenu François Fillon et son programme libéral, la phrase qu’on entendait le plus souvent après l’élection, c’était : "Bon, Macron, ce n’était pas forcément notre choix, mais maintenant, l’intérêt de tous, c’est qu’il réussisse". Il faut dire que la droite était (et est encore) complètement perdue sur le plan de la doctrine économique, et que tout ce petit monde sortait de cinq années assez éprouvantes avec François Hollande comme président. Le début de son quinquennat en particulier avait été l’occasion de montrer une franche hostilité vis-à-vis des entreprises, et d’exercer, sur elles comme sur les patrons, son matraquage fiscal. Malgré un apaisement au bout de deux ou trois ans, (et le ministre Macron de l’époque n’y a pas été étranger), rien n’a jamais vraiment pu être rétabli.
Nicolas Sarkozy va-t-il être accueilli comme une star ?
Pas sûr. Il a naturellement son fan club, dans cette catégorie de la population comme ailleurs. Mais le Président Sarkozy a déçu les patrons qui lui ont reproché de ne pas réformer la France à hauteur de ses promesses. Ils lui en ont voulu d’augmenter les impôts et les taxes, après avoir d’abord réduit l’ISF et pratiqué une politique vraiment pro-business. La crise financière de 2007 est évidemment passée par là, et a supprimé beaucoup de marges de manœuvres. Mais il n’y a pas que cette explication.
Au fond, l’Élysée et le Medef se sont chacun persuadés que l’autre n’en faisait pas assez. "Pas assez d’embauches", disait Nicolas Sarkozy (qui ne lésinait jamais sur les Scuds contre les patrons) ; "pas assez de réformes et de soutien", répondait le Medef.
Un dialogue de sourds ? Est-ce différent aujourd’hui ?
C’est un dialogue de sourds effectivement. Emmanuel Macron a clairement développé un programme pro-business, y compris dans le domaine social, et Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, veut transformer son organisation pour qu’elle soit moins en position de quémander tout le temps.
Et puis, ce qui est assez nouveau, le pouvoir ne se sent pas obligé, pour faire populaire, de se montrer critique à l’égard des chefs d’entreprises.
Ça peut changer ?
Oui tout peut encore changer. Ça se joue même en ce moment, autour de deux ou trois symboles comme la réforme des retraites et le recul sur les 64 ans, ou comme les impôts des entreprises qui baisseront moins que promis. Attention à ne pas rejouer le coup de la défiance réciproque, car l’économie française aurait tout à y perdre.