Malgré la crise sanitaire majeure que traverse le pays, l'Union nationale semble déjà être un lointain souvenir chez certaines personnalités politiques. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en ont d'ailleurs profité pour rappeler leur propre programme comme "l’écroulement de l’ancien monde" pour le premier, "le retour général aux frontières" pour la seconde.
Le Parlement commencera dans la journée à voter les projets de loi d’urgence. Mais ça se passera dans un hémicycle clairsemé pour cause de coronavirus.
Pour une fois, l’absentéisme des parlementaires ne sera pas un choix mais un impératif sanitaire. Le virus a déjà touché une trentaine d’élus et de collaborateurs et siéger dans ces lieux prestigieux est devenu dangereux. Il faudra faire vite : deux jours maximum.
Et c’est faisable ?
Certainement, oui. Depuis dimanche, un consensus s’est formé sur la nécessité d’un report du second tour des municipales et sur des mesures générales de confinement des Français. Les parlementaires ne devraient donc pas trop chicaner sur l’instauration d’un "état d’urgence sanitaire", un nouveau concept qui n’existait pas jusque-là dans notre droit, qui donnera au chef de l’État et à son Premier ministre des moyens exceptionnels pour lutter contre l’épidémie.
Est-ce qu’on peut dire que c’est la même chose que l’état d’urgence qui avait été déclaré au lendemain des attentats ?
Ça y ressemble, oui, en tout cas c’est la même logique. Mais la comparaison s’arrête là. Chacun se souvient de l’atmosphère d’union nationale qui s’était créée après les attaques terroristes. Cette fois, l’union nationale n’est pas, n’est déjà plus au rendez-vous.
Emmanuel Macron en avait pourtant appelé à l’unité des Français, lors de son discours de lundi soir.
Oui, mais ça n’a tenu que quelques heures. Il y a eu, comment dire, deux passages de lames. Première critique : le Président, dans son allocution, n’a pas employé le mot "confinement" qui était pourtant dans la tête de tous les Français. Pourquoi cet oubli, ou plutôt pourquoi ce flou, ce refus de nommer les choses, se sont interrogés plusieurs politiques dont Bruno Retailleau, le patron des sénateurs Les Républicains, et Olivier Faure, le numéro un des socialistes ? Preuve que l’union nationale était déjà en miettes, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en ont profité pour rappeler leur propre programme : l’écroulement de l’ancien monde pour le premier, le retour général aux frontières pour la seconde. Plus question de défendre un intérêt supérieur, mais plutôt de mettre en avant un intérêt partisan.
Et la deuxième lame ?
Elle a été brutalement maniée par Agnès Buzyn, qui a massacré son propre camp et le gouvernement en attaquant leur gestion de la crise épidémique et des municipales. Un tremblement de terre politique qui a sapé le dispositif politique du gouvernement et qui a permis à tous les opposants de trouver un nouvel angle.
Et les Français, dans tout ça ?
Est-ce que c’est de l’abattement, de la résignation ou de la clairvoyance ? Les sondages montrent un soutien d’une grande majorité d’entre eux aux mesures, mais une réserve sur les modalités de mise en œuvre. C’est une union nationale en service minimum.