Alors que le discours de jeudi dernier d'Emmanuel Macron était plutôt solennel, celui de ce lundi soir se voulait beaucoup plus alarmant. Le chef de l'État a voulu insisté sur la gravité de la situation en répétant à de nombreuses reprises "Nous sommes en guerre". On assiste désormais à un durcissement des mesures et à un changement de ton parfaitement assumé par l'exécutif.
Changement complet d’ambiance, ce lundi, dans la lutte contre le Coronavirus.
Avant même les annonces d’Emmanuel Macron, on avait senti le climat changer brutalement. On est passé d’une journée ensoleillée et insouciante dimanche, à celle de ce lundi, pluvieuse et angoissée. On était passé de la drôle de guerre à la guerre, la guerre totale contre le Coronavirus.
La guerre totale, c’est-à-dire ?
Une guerre sanitaire, bien sûr, mais aussi économique face au risque d’effondrement des entreprises. Une guerre sociale avec les mises au chômage et une guerre budgétaire avec les centaines de milliards d’euros que ça va coûter aux finances publiques. Lorsque l’on compare cette crise épidémique avec les précédentes grandes crises que le monde contemporain a dû affronter, on se rend compte que jamais une telle intensité, jamais une telle universalité de la menace n’avait été atteinte. C’est vraiment une attaque totale.
Un changement de ton total, il n’y a rien de commun entre les discours de jeudi soir et celui de ce lundi soir.
Sauf qu’ils étaient tous les deux trop longs. Mais effectivement, pour le reste : solennité jeudi, gravité ce lundi soir. Avec cette répétition sur le "Nous sommes en guerre", cette interdiction de circuler, la promesse d’un hôpital militaire de campagne dans l’Est de la France, la fermeture des frontières et les centaines de milliards d’euros déversés sur le pays. Tout ça fait vraiment "Nous sommes en guerre", jusqu’au confinement et l’annonce d’une "vie au ralenti". On se croirait dans les tranchées, terrés au fond en attendant la vague ennemie.
Et puis il y a ce report du deuxième tour des municipales.
C’était devenu inévitable. En réalité, cette affaire de premier tour s’est transformée en boulet politique pour Emmanuel Macron et Édouard Philippe. Entre jeudi soir, au moment du premier discours du chef de l’État et le vote de dimanche, l’aggravation de l’état sanitaire du pays et les mesures de restrictions annoncées par Édouard Philippe ont rendu incompréhensible la décision sur le premier tour.
Résultat : une grande cacophonie s’est installée dans le pays et ce qui aurait dû faire consensus (ou "faire Nation" pour reprendre cette expression un peu ronflante du Président) est devenu un sujet de polémique. Chacun connaît son histoire de France : lorsque le pays entre en guerre, c’est l’Union nationale qui s’installe. Cette fois, l’inverse était en train de s’installer et nul doute que ça représentait un vrai danger politique pour le Président. Le combat contre le Coronavirus se durcit, le monde politique semble se réunir. Il reste maintenant au pays à se montrer discipliné et civique. Et solide avant que, comme d’habitude, le débat politique ne reprenne ses droits. Ça viendra, c’est la nature des choses. Mais dans les tranchées, on relativise parce que l’essentiel est ailleurs.