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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'interroge sur l'intérêt du collectif composé de 35 citoyens tirés au sort depuis lundi et qui aura pour objectif de suivre la troisième phase de la campagne de vaccination contre le coronavirus, et de faire remonter notamment les préoccupations techniques, éthiques, sociales ou encore financières.

Le tirage au sort des membres qui composeront le nouveau Collectif citoyen sur le vaccin a commencé. L’objectif est de sélectionner 30 titulaires et cinq suppléants.

Pour siéger dans un nouvel organisme qui va s’ajouter à toutes les instances qui existent déjà dans ce domaine : Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, comité des professionnels de santé, Haute Autorité de santé, Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, Haut conseil de la santé publique, sans oublier bien sûr le Conseil scientifique Covid-19… Pas sûr que l’on ait vraiment besoin d’un "machin" de plus, comme aurait dit De Gaulle. Sachant que ce Collectif citoyen sera hostile à la vaccination.

Comment peut-on le savoir a priori ? Il n’est même pas constitué ?

L’engagement d’Emmanuel Macron, c’est que ce Comité soit à l’image de la population française : âge, genre, lieu et type de résidence, diplôme, catégorie socio-professionnelle. Et surtout, attitude à l’égard de la vaccination, l’idée étant qu’à l’issue du tirage au sort, la composition ce collectif reflète les équilibres français, qui (en l’occurrence) sont déséquilibrés et majoritairement hostiles au vaccin. En somme, le gouvernement est en train de mettre en place un Collectif qui, s’il survit à la déferlante de critiques qu’il suscite déjà, mesurera vite la puissance de sa parole publique : une critique, un mot d’un des citoyens (comme on dit), et ce sera parole d’Évangile, puisque parole du peuple. Pas mieux, de la part du pouvoir, pour se compliquer la tâche.

Dans ce cas, pourquoi avoir promis ce Collectif citoyen sur le vaccin ?

Pour deux raisons. D’abord, c’est un nouvel effet de la fascination du chef de l’État pour les outils de démocratie directe. On a eu la Convention citoyenne pour le climat, on aura le Collectif tout aussi citoyen sur le vaccin. Sans parler des plateformes de consultations (citoyennes, bien sûr), qui fleurissent ici et là. Il y en aura une en parallèle du Collectif des 35 sur le vaccin. Il y en aura bientôt une autre sur les discriminations, pour "permettre à tous les Français de parler de la discrimination". Et ce n’est pas la dernière, c’est certain.
La seconde raison ?

Si la première relève un peu du gadget, la seconde est plus problématique. Ce Collectif est né de l’analyse qu’il fallait s’occuper des Français hostiles à la vaccination, pas de ceux qui y étaient favorables. Dès le début, la communication politique du pouvoir s’est focalisée davantage sur les risques supposés du vaccin ou sa part d’inconnu que sur ses avantages. Emmanuel Macron lui-même a parlé de questions sans réponses, manière de suggérer qu’il ne serait pas dans un camp, celui des pro-vaccins, contre l’autre. Évidemment, ça a nourri les doutes des Français qui ont progressivement viré leur cuti. Raté, donc. Depuis ce lundi, la communication du gouvernement a été recentrée, tendance positif. En espérant qu’il n’est pas trop tard.