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Le confinement et la pandémie de Coronavirus ont provoqué une crise économique sans précédent en France. Selon l'Insee, on ne pourra constater la relance économique et l'efficacité du plan mis en place par le gouvernement que d'ici l'année prochaine. En attendant, il est essentiel de préserver l'emploi et d'éviter un maximum de faillites. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Il aura suffi de deux mois de confinement pour mettre l’économie française par terre. Mais combien de temps met-on pour se relever ? La machine peut-elle repartir d’ici la fin de l’année ?

D’ici la fin de l’année, n’y comptez pas trop. Nous sommes à la Tour Eiffel, vous voyez beaucoup de touristes à l’horizon ? Non ! Pas un Américain, pas un Chinois. Les hôtels autour sont vides. Et à Roissy ou Orly, le trafic affiche toujours -80% par rapport à avant le Covid. Est-ce que cela va s’arranger d’ici la fin de l’année ? C’est peu probable. Y aura-t-il des touristes chinois dans les grands magasins à Noël ? Personne n’y croit vraiment. Faut-il pour autant désespérer et se dire qu’il ne se passera rien de bon d’ici la fin de l’année ? La réponse est non.

C’est le plan de relance de 100 milliards qui rend un peu optimiste ?

À court terme non. L’Insee écrivait il y a quelques jours dans sa note de conjoncture que les effets du plan de relance se manifesteront surtout l’année prochaine. Mais les quatre mois qui viennent vont néanmoins être cruciaux pour la reprise. Premier enjeu, immédiat : il va falloir éviter un tsunami de faillites. Il y a deux millions d’entreprises qui ont bénéficié de décalages de remboursement de leurs crédits bancaires. Or fin septembre, on arrivera au bout de ces reports de paiements, il va falloir payer. Deuxième enjeu des mois à venir : l’emploi. Il y a en ce moment des négociations dans les entreprises et dans certaines branches sur l’activité partielle de longue durée : ce sont des accords qui permettent de maintenir l’emploi en réduisant le temps de travail. Mais encore faut-il que ces négociations décollent, il y en a encore trop peu. Il faut absolument que dans les quatre mois qui viennent, on limite les défaillances d’entreprises et on préserve un maximum d’emploi.

C’est la clé pour redonner confiance et faciliter la reprise l’an prochain ?

La reprise en 2021 est une certitude. Après une chute de l’économie de l’ordre de 10% cette année, on s’attend à un rebond de +7% l’an prochain. Un taux de croissance jamais vu depuis 1960. Donc oui, il y aura un très fort rebond. Mais il sera très inégal. Certains secteurs comme l’agroalimentaire ont pratiquement déjà retrouvé le niveau d’avant crise. Pour d’autres comme le tourisme ou l’aérien dont je parlais au début, il n’est même pas sûr que l’on retourne un jour à la normale. D’où cet autre défi des mois qui viennent : des métiers vont profondément évoluer, certains vont disparaître et il va falloir adapter les compétences. Il y a 15 milliards dans le plan de relance pour ça. C’est ce qu’il y a de plus difficile, et c’est pourquoi il faut y travailler tout de suite.