C'est le symbole de l'incroyable reprise de l'économie américaine, un an seulement après avoir connu sa pire récession. Amazon prévoit l'embauche de 75.000 personnes aux Etats-Unis pour faire face à la demande toujours plus grandissante. Mais gare à la surchauffe.
Une entreprise qui recrute 75.000 personnes... oui, c'est possible. Ça se passe aux Etats-Unis et cette entreprise, c'est Amazon.
Tout est immense, hors norme chez Amazon. On se situe à une autre échelle par rapport aux autres grandes entreprises. Il faudrait inventer un autre mot, "hyper-entreprise" peut-être. Amazon est une des trois "hyper-entreprises" qui emploient plus d'un million de personnes dans le monde, les deux autres sont Walmart, le distributeur américain, et China National Petroleum, la première compagnie pétrolière chinoise. Elle est aussi une des très rares entreprises à réaliser plus de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires par trimestre, plus que Carrefour sur un an.
D'où aussi des records d'embauche.
Oui : 75.000 embauches, donc, rien qu'aux Etats-Unis. Les besoins sont tels que pour trouver autant de monde très vite, Amazon offre des bonus de 1.000 dollars aux nouveaux recrutés, des nouveaux qu'elle paie 17 dollars de l'heure au lieu de 15 jusqu'ici. Le groupe de Jeff Bezos peut se le permettre : il a réalisé 26 milliards de dollars de profit depuis le début de la pandémie. Quand on dit qu'il est le grand gagnant de la crise du Covid, ce n'est pas un vain mot.
Mais ce que l'on peut lire aussi à travers ces chiffres qui donnent le tournis, c'est l'extraordinaire reprise de l'économie américaine, qui excède elle ce que l'on pouvait anticiper. Une reprise dont Amazon est un excellent baromètre car elle repose beaucoup sur la consommation.
Pour paraphraser un ancien patron de General Motors dans les années 1950, ce qui est bon pour Amazon est bon pour l'Amérique et vice-versa.
Exactement et d'ailleurs, il ne faudrait pas que l'économie s'emballe. On commence à parler de surchauffe aux Etats-Unis : l'inflation a atteint 4,2% en avril, un niveau inédit depuis 2008. Elle n'était que de 2,6% en mars. Or qui dit inflation, dit hausse des salaires : Amazon est en train d'en faire la démonstration. Mais trop d'inflation ne serait bon ni pour Amazon, ni pour l'Amérique.
C'est d'ailleurs la crainte du moment à Wall Street : la Bourse américaine a subi un trou d'air cette semaine à cause de cette poussée de l'inflation. C'est fascinant : il y a un an, Matthieu, l'économie américaine connaissait sa pire récession depuis un siècle. Un an plus tard, on redoute la surchauffe. Décidément, le monde change vite.