Apple a ouvert les hostilités face à Facebook et Google en empêchant la publicité ciblée avec la dernière version du système d'exploitation de l'iPhone. Directeur de la rédaction des "Échos", Nicolas Barré analyse comment cette décision augure d'une bataille féroce entre ces entreprises.
C’est la guerre entre les Gafa : en permettant aux utilisateurs d’iPhone de ne plus être pistés par la publicité, Apple a ouvert les hostilités avec Facebook et Google…
"Oui depuis quinze jours, la dernière version du système d’exploitation de l’iPhone empêche par défaut les développeurs d’applications d’exploiter les données personnelles des utilisateurs. Il n’est donc plus possible de les suivre dans tout ce qu’ils font et de surveiller les applis qu’ils consultent. Du coup, il n'est plus possible non plus de dresser le profil précis de chaque utilisateur pour leur adresser des publicités ciblées.
Pour Facebook et Google, qui ont fondé leur modèle économique sur la publicité, c’est catastrophique. Or, ce que l’on constate avec deux semaines de recul confirme le pire des scénarios pour les géants de la tech : seule une toute petite minorité de gens (5 à 10%) continue d’autoriser le partage de leurs données personnelles. La grande majorité refuse.
Cela pénalise donc Google et Facebook...
Oui et en plus Apple se donne le beau rôle et se pose en champion de la défense de la vie privée. Il est vrai que l’utilisation qui est faite de nos données personnelles échappe à tout contrôle et que nous sommes en quelque sorte fichés sans le savoir. A l’opposé, Facebook fait valoir aussi de bon arguments pour défendre la collecte de données : des millions de PME dépendent de ces données et des algorithmes de Facebook pour proposer leurs produits aux bons consommateurs.
D’autre part, la publicité ciblée, moins chère, donne leur chance aux petites entreprises face aux plus grandes qui peuvent se permettre d’arroser très large avec de gros budgets.
Reste que la tendance est claire : les individus, dans leur immense majorité, en ont assez d’être pistés en permanence à chaque fois qu’ils vont sur Internet…
Oui et cette réalité doit être mieux prise en compte par les Gafa. Grâce aux moissonnage systématique des données, Google capte une part énorme du marché publicitaire. C’est ce qui lui permet d’engranger six milliards de dollars de profit net par mois. Couper ou restreindre l’accès aux données, c’est tarir ce flot de publicité qui fait vivre les plateformes. Des plateformes qui, aujourd’hui, commencent discrètement à brandir une autre menace : rendre leurs services payants. Et elles pourront toujours dire que c’est de la faute d’Apple."