Les Français sont 38 millions à posséder une assurance-vie. Si ce placement a la réputation d'être sans risque, selon Nicolas Barré, directeur des Échos, cette garantie pourrait bientôt évoluer.
La fin de l’assurance-vie telle qu’on la connaît approche : les autorités réfléchissent à une nouvelle formule pour le placement préféré des Français.
Les Français adorent l’assurance-vie, et en particulier les contrats dits en euros, pour une raison simple : le capital est garanti, c’est un placement sûr. Au point que le gros de l’épargne de ce pays, 1400 milliards, soit l’équivalent de plus de la moitié du PIB de la France, est placé dans ce type de contrat. Mais les assureurs qui gèrent cette épargne ont un problème : comme le capital est garanti, l’argent doit être placé dans des produits très sûrs. Or ce qu’il y a de plus sûr, ce sont les emprunts d’État. Mais aujourd’hui, les emprunts d’État, français, allemands, ne rapportent plus rien puisque les taux d’intérêt sont à zéro voire même négatifs. Bref, gérer de l’assurance-vie est devenu une équation impossible.
Sauf à changer légèrement les règles.
C’est ce à quoi réfléchissent les assureurs comme les autorités de tutelle. L’une des pistes consisterait à remettre en cause le principe du capital garanti : pas d’affolement, seul un tout petit pourcentage du total ne serait plus garanti. Mais ça allégerait la pression sur les gestionnaires. L’idée, c’est aussi de convaincre les épargnants d’accepter une petite dose de risque en échange d’un meilleur rendement. Si une plus grande partie de l’argent de l’assurance-vie était placée en actions plutôt qu’en emprunts d’État qui ne rapportent rien, les épargnants auraient de bonnes chances d’être mieux rémunérés. Et l’épargne des Français serait aussi mieux utilisée : mieux vaut financer les entreprises que la dette de l’État. Ce qui est sûr, c’est que l’époque où l’assurance-vie offrait un rendement élevé pour un risque zéro est derrière nous. Il va falloir s’y habituer.