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Nicolas Barré, dans édito éco lundi sur Europe 1, est revenu sur les conséquences d'un "no deal" dans la négociation sur le Brexit entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

Bien malin qui peut dire comment se terminera la négociation sur le Brexit : Londres se dit prêt à envisager un "no deal", mais les milieux économiques sont vent debout. Plus Boris Johnson défie Bruxelles, plus les entreprises britanniques mais aussi européennes s’inquiètent. Le patronat britannique, au fond, est d’accord avec Emmanuel Macron : le Royaume Uni "a bien plus besoin d’un accord commercial" que les Européens.

Les principales fédérations professionnelles du Royaume - automobile, aérien, finance, pharmacie, high tech... - qui représentent 190.000 entreprises, font le siège de Boris Johnson pour qu’il mette de l’eau dans son vin et trouve un accord avec l’Europe. Les agriculteurs également montent au créneau.

Beaucoup d’entreprises ne sont pas prêtes au rétablissement d’une frontière le 1er janvier prochain

Elles ont essayé de s’y préparer, notamment dans les secteurs critiques. Dans la pharmacie par exemple, des stocks de médicaments fabriqués au Royaume-Uni ont été constitués sur le continent pour éviter toute rupture d’approvisionnement : les Britanniques fabriquent 2.900 références de médicaments pour des patients européens, c’est donc important.

Dans l’aérien aussi, on s’est préparé : IAG, la maison mère de British Airways et d’Iberia, est devenue une société espagnole avec une majorité d’actionnaires européens. Easyjet a immatriculé la plupart de ses avions en Autriche. Mais en cas de "no deal", il faut quand même s’attendre à quelques trous d’air : un avion sous pavillon britannique ne pourra plus opérer des lignes intra-européennes. Et les licences de pilotage accordées par Londres ne seront plus valables dans le ciel européen.

Mais le principal risque, c’est les droits de douane

Le Royaume-Uni deviendrait un "pays tiers", en cas de "no deal", et des droits de douane s’appliqueraient : 10% sur une voiture par exemple et jusqu’à 22% sur les utilitaires et les camions. Ce serait un coup dur pour Nissan, par exemple, qui fabrique des modèles comme le Qashqai ou la Leaf outre-Manche. Nissan laisse entendre qu’il fermerait son usine en cas de "no deal", tout comme PSA qui a racheté récemment la marque Vauxhall.

Quant aux consommateurs britanniques, ils paieront cher un Brexit sans accord : le Royaume-Uni importe 87% de ses voitures. Leur prix serait donc immédiatement majoré. Vous le voyez, quand Boris Johnson affirme que Londres ne craint pas le "no deal", il y a clairement une bonne part de bluff.