Le groupe Danone a annoncé la suppression de 400 à 500 emplois en France et 2.000 dans le monde pour faire face à la crise économique liée au Coronavirus. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Danone est rattrapé par la crise du Covid. Le groupe annonce un plan d’économies d’un milliard d’euros et va supprimer 400 à 500 emplois en France.
Et 2.000 au total sur 100.000 dans le monde. Danone n’est pas le seul. Ce lundi, Total a annoncé un plan de départs volontaires, il serait question de quelques centaines de postes en moins. Même tendance dans la banque, dans l’automobile et, de manière plus intense, dans l’aéronautique. Airbus va supprimer 15.000 emplois dans le monde.
Mais ce que l’on constate chez Danone et d’autres, c’est qu’au-delà de la nécessité de faire des économies, la crise du Covid amène aussi à repenser le modèle d’entreprise. "Nous devons nous renforcer en vue d’autres sortes de Covid, dont on ne sait pas quelles formes elles prendront", a prévenu ce lundi le patron de Danone, Emmanuel Fabert.
En clair, il y aura d’autres crises sanitaires.
La réponse passe, chez Danone comme dans d’autres grands groupes, par une organisation plus décentralisée, donnant plus de pouvoir et d’autonomie aux échelons locaux. Pour mieux s’adapter à chaque marché, mieux réagir en cas de crise. Danone doit être moins "pyramidal", comme le dit son patron. La crise du Covid est un accélérateur de tendance. Les habitudes de consommation se fragmentent, les consommateurs veulent du local, on fait plus confiance aux petites marques, à la proximité. Comme le dit encore Emmanuel Faber, jadis, "le consommateur ne lisait pas les petites lignes au dos du produit. Aujourd’hui si". Et pour une multinationale comme Danone ou comme Coca Cola ou Nestlé, cela impose de revoir ses gammes de produits et de marques pour mieux coller à ces nouvelles exigences.
D’être plus à l’écoute de la société au fond.
Toute la difficulté étant de concilier cela avec l’efficacité économique. On en a une illustration parfaite aujourd’hui. Le patron de Danone s’est beaucoup engagé, depuis longtemps, sur les questions de "capitalisme responsable", "inclusif", thèmes sur lesquels il a toujours été en avance, au risque parfois d’agacer ses pairs. Et d’en subir l’effet boomerang quand la conjoncture se dégrade et que l’on est obligé de supprimer des emplois. Le discours sur la "raison d’être" de l’entreprise et son rôle dans la société, au-delà du seul profit, peut apparaître alors en décalage. Surtout lorsque l’urgence est d’enrayer la baisse du chiffre d’affaires (-5%) et de retrouver le niveau de marge d’avant le Covid, à plus de 15%. Condition sine qua non pour que Danone évite de se faire racheter par un concurrent, car c’est aussi cela la dure loi du capitalisme.