Pour rembourser les sommes colossales empruntées pour maintenir à flot les économies frappées par la crise du coronavirus, les Etats pourraient s'appuyer sur l'inflation, estime l'éditorialiste Nicolas Barré mercredi.
Pour répondre à la crise du coronavirus, tous les pays ont mobilisé des sommes considérables. Mais où va-t-on trouver tout cet argent ?
Les sommes sont en effet gigantesques, un peu comme si nous avions des plans Marshall dans tous les pays. Laurence Boone, la chef économiste de l’OCDE, l’organisation qui réunit les pays développés, estime que rien que dans la zone euro, nous avons mobilisé dans ces plans "largement plus de 10%" de toute notre richesse. C’est-à-dire plus de 1.200 milliards d’euros, soit l’équivalent de la richesse annuelle produite par l’Espagne.
C’est comme un effort de guerre. On a besoin de sommes énormes pour éviter l’effondrement de nos économies, les maintenir en vie. Mais où va-t-on trouver cette montagne d’argent ? Eh bien on va l’emprunter.
Mais qui va nous prêter des sommes pareilles ?
Bonne question. Nous allons l’emprunter à des investisseurs sur les marchés financiers, c’est-à-dire en fait à des épargnants qui ont de l’argent à placer. Et puis comme cela ne suffira pas, la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle absorberait en quelque sorte le surplus, ce qui revient à dire, même si elle ne le dira jamais comme ça, qu’elle fera tourner la planche à billets.
La bonne question c’est : et après ? Comment on fait pour rembourser ? Je vous livre une piste : on a parlé de guerre… Or, dans l’Histoire du monde, toutes les guerres, sans exception, ont été suivies par de l’inflation. Inflation qui fait que l’on rembourse ses dettes avec de la monnaie qui ne vaut plus grand-chose. Bref, il est bien possible que tout cet argent que nous allons emprunter pour sauver l’économie, nous ne le rembourserons jamais complètement…