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Les relations économiques se tendent entre l’Union européenne et la Chine, Bruxelles veut se donner la possibilité d’interdire purement et simplement le rachat d’une entreprise européenne en invoquant la distorsion de concurrence. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les relations économiques se tendent entre l’Union européenne et la Chine. L‘Europe se montre de moins en moins naïve.

Si les lignes bougent et que le ton se durcit vis à vis des Chinois, c’est parce que l’Allemagne est en train de bouger. Jusqu’à présent, tout début de volonté de vague fermeté à l’égard de Pékin se heurtait aussitôt à un véto allemand, Berlin voulant avant tout préserver ses intérêts économiques sur le marché chinois. C’est Angela Merkel, par exemple, qui a milité en faveur de l’accord très controversé sur les investissements avec la Chine, un accord favorable à Pékin et à l’industrie allemande. D’ailleurs ce mercredi encore, Merkel a continué à le défendre envers et contre tout : "un accord très important", a-t-elle dit. Alors même qu’il n’a plus beaucoup de chance d’être ratifié du fait des violations des droits de l’homme dans le Xinjiang et à Hong Kong. Il n’y a aucune majorité au Parlement européen pour le voter.

L’Europe se montre plus dure et espère entraîner l’Allemagne.

Ce qui change un peu la donne, en effet, c’est la fin de règne d'Angela Merkel. Elle est de plus en plus isolée, son pouvoir s’érode, elle est donc moins en mesure d’imposer ses vues. Cela coïncide avec la volonté de la Commission de muscler son arsenal économique vis-à-vis de la Chine et cette ligne dure est en train de marquer des points. Ce mercredi, la Commission a présenté un projet de règlement, c’est-à-dire un texte qui peut être adopté assez vite, pour bloquer les entreprises chinoises bénéficiant de subventions et voulant prendre pied sur le marché européen.

C’est un vrai changement de logiciel de la part de l’Europe.

Bruxelles veut se donner la possibilité d’interdire purement et simplement le rachat d’une entreprise européenne en invoquant la distorsion de concurrence. On voit souvent en effet des entreprises chinoises bénéficiant de financements privilégiés ou d’accès à des ressources naturelles à des conditions hyper-avantageuses se lancer à l’assaut d’entreprises étrangères pour gagner des marchés. Jusqu’ici Bruxelles n’avait pas les moyens de réagir. Avec ce nouveau texte, ce sera possible. L’autre nouveauté, c’est que l’Allemagne ne bloque plus. Face à une Chine qui ne connaît que les rapports de force, un peu de realpolitik ne fait pas de mal…