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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est le tollé dans le secteur du bâtiment, les annonces d’Édouard Philippe lors de son discours de politique générale ne passent pas.

Le Premier ministre a en effet annoncé un coup de rabot sur les allègements de charges sociales dont bénéficient les entreprises du BTP. Il y en aurait pour plusieurs centaines de millions d’euros. Tout le secteur est donc vent debout. "Pour nous, c’est un tsunami !", dit même ce matin le président de la Fédération française du bâtiment dans une interview à l’Opinion. Pourquoi un tsunami ? parce que dans le BTP, l’employeur n’est pas obligé de payer des cotisations sociales sur la totalité du salaire brut de ses employés : il peut en déduire 10%, censés correspondre à prendre en charge des paniers-repas. Tout le monde y gagne : l’employeur paie un peu moins de cotisations et l’employé touche un salaire net plus élevé.

C’est ce système que le gouvernement veut revoir ?

Oui car il fait perdre des cotisations à la Sécurité sociale. Et accessoirement, ça fait aussi un peu moins de droits plus tard pour les salariés, notamment pour la retraite. Mais pour les employeurs, revenir sur cet avantage social, ça revient ni plus ni moins à augmenter le coût du travail. Le secteur du BTP a une autre raison d’être mécontent : c’est la fin de la détaxation du gazole pour les entreprises du bâtiment. Là encore, ça fait plusieurs centaines de millions d’euros de charges en plus pour toute la filière. Ce qui fait dire à la fédération du bâtiment que les entreprises de BTP vont financer deux milliards sur les cinq milliards de baisses d’impôts annoncées par le Premier ministre.

En fait c’est toujours la même histoire : dès qu’on touche à une niche fiscale, c’est le tollé ?

C’est ce qui rend toute réforme de ce type très difficile. Car il y a souvent de très bons arguments pour ne pas toucher à une niche fiscale. En l’occurrence, la filière du BTP souligne qu’elle a créé 50.000 emplois depuis 2017, justement parce que le coût du travail avait été abaissé. Le risque si on change les règles, c’est qu’il y ait plus de gens qui se mettent à leur compte (or pour le coup, ils cotisent encore moins à la Sécu) ou que cela encourage le travail détaché. Il n’est pas impossible que le gouvernement en vienne assez vite à regretter le coup de rabot infligé au secteur du BTP.