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Xi Jinping, le président chinois, a profité de la tribune que lui offrait le forum virtuel de Davos pour se poser en défenseur de la mondialisation et lancer un message à Joe Biden. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est le président chinois Xi Jinping qui a ouvert ce lundi le forum de Davos, qui se tient en virtuel. Il a profité de cette tribune pour se poser en défenseur de la mondialisation.

Mais bien sûr, une mondialisation selon ses termes. La Chine est une puissance dominante, c’est donc elle qui prétend fixer l’agenda du monde. La Chine sait très bien utiliser la tribune de Davos à son avantage. Les présidents américains changent, le leadership chinois demeure. Il y a quatre ans, alors qu’un Donald Trump protectionniste et bien décidé à protéger le marché américain s’installait à la Maison-Blanche, Xi Jinping martelait son message : le monde doit rester ouvert. Devant les chefs d’entreprise et les investisseurs du monde entier, le président chinois défendait déjà sa vision de la mondialisation. Cette fois, alors que Joe Biden s’installe, le voilà qui donne une leçon de multilatéralisme. Aux problèmes du monde, il faut "des réponses mondiales et une coopération mondiale".

Et il va plus loin en mettant en garde Washington contre la poursuite de la politique de sanctions commerciales.

Le message est formulé sans détour, quand on est une puissance dominante, on ne prend pas de gants : "menacer, intimider, recourir aux sanctions… peuvent entraîner le monde dans la confrontation" et même "déclencher une nouvelle guerre froide". Voilà Joe Biden prévenu. Si Pékin insiste, c’est parce que le président démocrate, sur le fond, n’a pas une ligne très différente de celle de Trump. Il le dit plus poliment mais lui aussi veut protéger le marché et les salariés américains, lui aussi fustige la concurrence déloyale et le pillage de la propriété intellectuelle. D’autant que la Chine a accru en 2020 son poids économique, c’est la seule grande économie qui ait enregistré une croissance positive, +2,3%, malgré le Covid. Et elle est devenue l’an dernier, pour la première fois, la première destination mondiale des investissements étrangers, devant les États-Unis.

Ce qui n’empêche pas Pékin de s’inquiéter quand même de la force de la reprise mondiale.

Le président chinois a parlé d’une reprise "agitée" à cause de la situation sanitaire, il n’a pas caché que les perspectives mondiales étaient incertaines, il a souhaité une meilleure coordination des économies au sein du G20. La Chine a absolument besoin de croissance, c’est ce qui fonde très largement la légitimité du régime. Sans croissance, tout peut dérailler. Au-delà de la rhétorique, Xi Jinping a un réel intérêt à ce que la confrontation avec les États-Unis soit moins vive. C’était aussi cela le sens de son message à Joe Biden. On attend la réponse américaine.