Pour la première fois, les investissements dans les technologies de la transition énergétique auront été supérieurs à ceux consacrés à la production et à l'exploration d'énergie fossiles, pétrole et gaz. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Jamais les investissements dans la transition énergétique n'ont été aussi élevés dans le monde. L'année écoulée aura été un point de bascule historique.
On retiendra qu'en 2020, pour la première fois, les investissements dans les technologies de la transition énergétique auront été supérieurs à ceux consacrés à la production et à l'exploration d'énergie fossiles, pétrole et gaz. Plus de 500 milliards de dollars ont été investis l'an dernier dans les énergies renouvelables, dans le stockage d'énergie, l'hydrogène, la capture de CO2, bref, dans tout ce que l'on appelle la transition énergétique. Dans le même temps, les dépenses consacrées aux hydrocarbures, y compris pétrole et gaz de schiste, ont chuté à leur plus bas niveau depuis dix ans. On retiendra donc que c'est en 2020, l'année du Covid, que le monde a changé de priorité.
L'Europe est en pointe.
Un tiers des investissements mondiaux dans la transition énergétique se font en Europe. Nous sommes devant la Chine et les États-Unis. Il faut dire que c'est en Europe que la pression est la plus forte pour "verdir" le mix énergétique. Les normes sont plus dures qu'ailleurs, par exemple en matière de véhicules électriques et de réduction des émissions de CO2. Très concrètement, ces normes ont valu à Volkswagen de devoir payer une amende de l'ordre de 150 millions d'euros parce que sa gamme de voitures émet en moyenne trop de CO2 par rapport aux objectifs fixés par Bruxelles. Le plan de relance européen, qui d'ailleurs devra sans doute être rallongé avec le troisième confinement qui se profile, comporte aussi une forte dimension "verte" visant là encore à orienter les investissements vers la transition énergétique.
Même les compagnies pétrolières embrayent.
Le mouvement est bien enclenché. Les "majors" du pétrole et du gaz sont en train de devenir des moteurs de la transition énergétique. Le secteur dans son ensemble a réduit de 30% ses investissements dans les hydrocarbures l'an dernier, ce qui fait tout de même 160 milliards de dollars de moins. Et tous ces grands groupes, ExxonMobil, Shell, Total, BP tiennent à peu près le même discours en disant qu'on ne retrouvera plus les niveaux d'investissements des années précédentes dans les énergies fossiles. En revanche, ils en profitent pour investir dans d'autres sources d'énergie comme le solaire, ce que fait par exemple Total. Tout se passe comme si nous avions vraiment atteint un point de bascule. S'il y a bien un monde qui est en train de changer, c'est celui de l'énergie.