Chaque matin, Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Échos, fait le point sur une question d'actualité économique. Aujourd'hui, il revient sur le déploiement prochain de la 5G à Paris. Et pour lui, cela met un terme aux "discussions sans fin sur les ravages du progrès" qui avaient lieu jusqu'ici.
L'honneur est sauf : Paris ne sera pas la seule grande capitale mondiale privée de 5G. Les opérateurs vont enfin pouvoir déployer cette technologie dans la capitale...
"Et dans plusieurs autres grandes villes françaises qui étaient réticentes jusqu'ici. A Paris, la 5G sera disponible probablement vers la mi-mars. Ce à quoi l'on a assisté depuis plusieurs mois, de la part de plusieurs maires écologistes et de gauche, c'est un combat très chargé d'idéologie pour réclamer au minimum un moratoire sur la 5G, voire, pour quelques élus, son interdiction. Les nouveaux maires écologistes de Strasbourg, Bordeaux, Besançon et Lyon, entre autres, en avaient fait un combat symbolique. L'été dernier, le parti écolo EELV avait justifié sa demande de moratoire par le fait que la 5G allait générer "une grosse inflation de la consommation électrique" et permettre "la collecte de données personnelles".
Ils ont depuis mis de l'eau dans leur vin...
Disons que tout le monde y a mis du sien. Les opérateurs ont joué habilement la concertation : il y a eu des débats citoyens ici et là. A Paris par exemple, il y a eu trois débats pendant trois samedis avec 80 citoyens dont il est ressorti des demandes assez générales, par exemple sur le recyclage des smartphones, mais évidemment pas d'interdiction de la 5G.
Les élus écologistes qui étaient montés au front on dû se rendre aussi à l'évidence : les Strasbourgeois, les Lyonnais ou les Parisiens sont comme tout le monde. Ils veulent être libres de passer à la 5G s'ils le souhaitent et on voit mal au nom de quoi un maire pourrait empêcher ses administrés de souscrire ce service. C'est un peu comme si un maire voulait empêcher les abonnés de sa commune de s'abonner à Netflix ou de faire ses courses sur Amazon juste parce que ça ne lui plaît pas.
Le paradoxe, c'est que les maires qui s'opposaient à la 5G sont à la tête de villes importantes...
Là où, précisément, la 5G est le plus justifiée pour désengorger les réseaux... C'était une absurdité supplémentaire de la part de ces élus. Car dans leur ville, la 4G sera très bientôt saturée. On imagine mal Paris, qui accueillera les JO dans trois ans, privée de 5G alors que le déploiement de cette technologie se généralise partout dans le monde - au point que l'on expérimente déjà la 6G.
Il y a une vingtaine d'années, des élus écologistes s'opposaient de la même manière au wifi. Imaginez où nous en serions s'ils avaient été écoutés. Aujourd'hui, ça ne fait plus débat. Ce sera sans doute bientôt la même chose pour la 5G. Tant mieux, mais que d'énergie perdue en discussions sans fin sur les ravages du progrès !"