La Chine et l'Union Européenne ont signé mercredi un accord qui offre notamment aux entreprises du Vieux continent un meilleur accès au marché chinois. Mais des doutes subsistent sur les concessions du régime de Xi Jinping, sur le travail forcé ou les subventions publiques que l'Etat verse à ses entreprises par exemple.
Après sept ans de négociations, la Chine et l’Union européenne ont conclu hier un accord offrant à nos entreprises un meilleur accès au marché chinois.
C’est un accord important car au fond, cela fait sept ans que les Européens recherchaient un meilleur équilibre dans leurs relations avec la Chine. Une meilleure réciprocité, comme on dit, car il n’y a pas de raison que l’Europe, premier marché du monde, soit ouverte de façon transparente aux entreprises chinoises alors que les nôtres rencontrent des barrières plus ou moins opaques ou se font piller leur technologie.
Alors cet accord permet-il ce rééquilibrage ? Les Chinois, il faut le reconnaître, ont fait des concessions dans 15 secteurs comme la finance, la construction, le transport aérien, les télécoms, etc. On est encore très très loin, à des années-lumière même, d’un accès ouvert au marché chinois, mais c’est mieux que rien : ce qu’on a obtenu est toujours bon à prendre.
On peut avoir des doutes malgré tout sur les concessions chinoises ?
Oui, d’abord parce qu’il y a un précédent : quand la Chine est entrée à l’Organisation mondiale du commerce il y a 20 ans, elle a pris des engagements qu’elle n’a pas respectés. Personne n’a oublié. Dans l’accord conclu mercredi, elle s’engage à ratifier des conventions de l’OIT sur le travail forcé. Mais qui peut croire que le régime de Xi Jinping va réellement cesser le travail forcé massif de la population du Xinjiang ?
Autre exemple : la Chine s’engage à plus de transparence sur les subventions publiques qu’elle verse à ses entreprises. Mais c’est une simple déclaration d’intention, l’accord ne comporte aucun mécanisme pour forcer Pékin à respecter ses engagements.
Du coup, est-ce que l’Europe est encore trop naïve en acceptant un tel accord ?
Ce n’est pas de la naïveté, c’est de la realpolitik. L’Europe préfère voir le verre à moitié plein : nous avons obtenu des avancées pour nos entreprises. Certes, il manque plein de choses pour en faire un bon accord, notamment un mécanisme pour résoudre les conflits, mais c’est mieux que le statut quo.
On aurait pu choisir une autre stratégie, attendre l’investiture de Joe Biden et faire front commun avec les Etats-Unis. L’entourage de Biden a fait savoir que le futur président américain aurait préféré cette option. Mais aurait-on obtenu un meilleur accès au marché chinois ? Pas sûr. L’Europe a décidé de jouer sa carte. Ce sera peut-être un pari gagnant.