L'Union européenne vient de trouver un accord sur la Politique agricole commune (PAC). Dorénavant, au moins 20% du budget de la PAC sera consacré à des programmes environnementaux exigeants : bio, réduction des pesticides, aides pour les forêts...
L’Europe veut devenir une grande puissance de l’agriculture durable. C’est le sens de l’accord qui vient d’être conclu entre les 27 sur l’avenir de la politique agricole commune. Il y a un signe infaillible qui montre que c’est un bon accord : les ONG bruxelloises ne sont pas contentes. Pourquoi ? Parce qu’elles voudraient que l’on aille beaucoup plus vite dans la promotion du bio ou dans la réduction des pesticides.
Or au lieu de retenir cette vision extrême et peu réaliste car bien souvent déconnectée de la vraie vie des agriculteurs, les 27 ont au contraire trouvé un compromis qui permet d’avancer vers une agriculture plus durable. Sans pour autant déstabiliser tout l’écosystème ni imposer des contraintes insupportables à un secteur qui en subit déjà énormément.
Qu'est-ce qui change ?
La Politique agricole commune (PAC), c’est de loin le premier budget de l’Union européenne, près de 400 milliards d’euros sur 7 ans. Plus des deux tiers de ce budget sont des aides directes aux agriculteurs. La grande nouveauté, c’est que 20% de ces aides devront financer des actions en faveur de l’environnement : ça peut être de l’agriculture bio, ça peut être de la replantation des haies, ça peut être des aides pour les forêts, etc.
C’est important mais on n’oublie pas l’objectif principal de la PAC depuis ses débuts dans les années 1950 qui est la souveraineté alimentaire : le but, c’est d’abord de nourrir la population européenne. Donc le soutien à la production agricole. Cette dimension 'productiviste" de la PAC est toujours là, elle est nécessaire, mais on y ajoute une dimension verte avec cette part de 20% du budget réservée à des programmes environnementaux exigeants. Avec cet accord, on a un équilibre entre les deux exigences : produire beaucoup car les besoins de masse sont là, mais en même temps produire mieux.
Quid des inégalités concurrentielles avec les pays de l'Europe de l'Est ?
Aujourd’hui, c’est vrai, des pays comme la France ou l’Italie subissent la concurrence de pays de l’Est en effet qui sont beaucoup moins regardants sur les normes. Et qui ont des gouvernements nationaux moins exigeants. Nous ne pouvons pas être les seuls à interdire certains pesticides ou engrais si tous les autres les utilisent. Donc oui les normes environnementales vont être harmonisées, l’accord le prévoit. C’est un gros chantier qui prendra du temps.