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Alors que la France recule dans la production de médicaments depuis une trentaine d'années, le gouvernement va mobiliser des sommes importantes pour soutenir l’innovation dans la santé. Emmanuel Macron a annoncé ce mardi que l’État allait mobiliser sept milliards d’euros en faveur de cette filière industrielle. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est au moins un des effets positifs du Covid : le gouvernement va mobiliser des sommes importantes pour soutenir l’innovation dans la santé.

Cela fait une trentaine d’années que la France recule dans la production de médicaments. Nous étions encore le premier producteur européen en 2008. Nous ne sommes plus que le quatrième aujourd’hui. Une série de raisons expliquent ce décrochage : pressions sur les prix pour faire faire des économies à la Sécu, retards dans l’accès aux traitements innovants, procédures plus longues que chez nos voisins pour autoriser les médicaments de pointe etc. Résultat, l’industrie pharmaceutique a eu tendance à se déplacer hors de nos frontières ces dernières années, le marché français n’étant pas suffisamment attractif.

C’est ce mouvement que le gouvernement tente maintenant d’inverser.

En y mettant les moyens. Emmanuel Macron a annoncé ce mardi que l’État allait mobiliser sept milliards d’euros en faveur de cette filière industrielle. C’est du jamais vu : merci le Covid, donc ! Ces sommes iront à la recherche hospitalo-universitaire, à la relocalisation de projets industriels, à l’investissement dans divers domaines de la médecine : les thérapies géniques, par exemple, qui est un domaine où nous dépendons à 95% de l’étranger. D’ailleurs, cette dépendance est plus large : il faut savoir que 17% seulement des médicaments utilisés dans nos hôpitaux sont produits en France. L’État va aussi mobiliser 750 millions d’euros pour se préparer aux prochaines pandémies et développer nos capacités de production de vaccins. Aujourd’hui, nous ne produisons en France qu’un quart de nos besoins en vaccins, et encore, c’est beaucoup moins si on inclut le Covid puisque, comme vous le savez, nous ne produisons à ce jour aucun vaccin anti-covid.

Le but de ce plan est de soutenir l’innovation.

Notamment en accélérant les essais cliniques et la mise sur le marché des nouveaux médicaments. Pour l’industrie, c’est un point clé : lorsqu’un médicament atteint un certain niveau de service médical rendu, les délais de mise sur le marché seront raccourcis, on pourra ainsi gagner entre 250 et 500 jours, ce qui change tout pour l’équilibre économique du laboratoire auteur de l’innovation. L’enveloppe dont disposent les hôpitaux pour prescrire des médicaments innovants sera également augmentée. Grâce à ces signaux en faveur de la recherche et de l’innovation, l’Etat espère enrayer le déclin de l’industrie pharmaceutique sur notre sol, déclin mis en lumière par la crise du Covid.