Bien que fortement touchés par l'épidémie de Coronavirus, les États-Unis ont su maintenir leur économie. Dès la première vague, le plan de relance américain a été massif, à hauteur de 15% du PIB. Des chèques ont été envoyés aux ménages et une très forte hausse des allocations a été allouée aux chômeurs. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
L’épidémie de Covid frappe de plein fouet les États-Unis. Pourtant, la première économie du monde est une de celles qui tient le mieux le choc.
Contrairement à l’image que l’on a peut-être, le plan de relance américain, dès la première vague de l’épidémie au printemps, a été beaucoup plus massif et rapide qu’en Europe. Les mesures de soutien ont atteint 15% du PIB, un record absolu en temps de paix. En Europe, seule l’Allemagne a fait à peu près pareil avec 14%. En France et en Espagne, on est plutôt autour de 8-8,5%. En Italie, autour de 5%. Les États-Unis ont donc frappé plus fort, plus vite avec des chèques directs envoyés aux ménages et une très forte hausse des allocations aux chômeurs. Ce qui fait que cet énorme plan de soutien de l’économie, en avril et cet été, a atteint un montant supérieur à la perte de PIB due au Covid !
Du coup, la récession a été moins forte qu’ailleurs cette année.
La croissance américaine n’aura finalement reculé que de 3,5% cette année, contre -9% chez nous. Elle devrait rebondir de 4,2% l’an prochain. La zone euro va repartir aussi, peut-être même à un rythme un peu plus rapide de l’ordre de 4,5%, mais comme nous partons de plus bas, nos économies mettront plus de temps à retrouver leur niveau d’avant le Covid, c’est-à-dire le niveau de production de fin 2019. Les États-Unis devraient retrouver cet étiage au milieu de l’année prochaine alors que l’on devra plutôt attendre fin 2022 ou début 2023 en Europe. Et qui subit la différence ? Les demandeurs d’emplois. Le taux de chômage aux États-Unis est revenu à 6,7% le mois dernier, il devrait encore baisser à 5% l’an prochain. Sur le front de l’emploi, l’embellie sera beaucoup plus lente en Europe.
La bonne nouvelle derrière ces chiffres malgré tout, c’est que le choc économique du Covid pourra être bientôt surmonté.
Une étude très intéressante que vient de publier Mathilde Lemoine, chef économiste d’Edmond de Rothschild, montre bien que ce choc n’a rien à voir avec la crise de 2008 dont nous avons mis des années à nous remettre. 2008 a coûté cinq ans et demi de croissance aux économies de la zone euro. Cinq ans et demi pour qu’elles retrouvent leur niveau d’avant crise. Là, on estime qu’il faudra donc un peu plus de deux ans pour effacer les effets du Covid. Et dans le cas des États-Unis, le choc aura été surmonté au bout d’une année. Car dès que les mesures de confinement et de restrictions aux frontières sont levées, l’économie redémarre. Il est temps que 2021 nous fasse vite oublier 2020.