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Depuis le début de la crise du Covid, le "quoi qu’il en coûte" a été financé en empruntant sur les marchés financiers et il faudra bien rembourser cette dette. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Ce sera l’un des débats de la présidentielle : que faire face à la montagne de dette que la crise du Covid nous a laissée ? Il y a des pistes.

Car il va bien falloir à un moment que ça s’arrête. Depuis le début de la crise du Covid, l’argent public coule à flot. La crise a coûté 160 milliards d’euros l’an dernier : c’est l’équivalent de plus de quatre années de budget de la Défense. Or tout cet argent, ce n’est que de la dette. Le "quoi qu’il en coûte" a été financé en empruntant sur les marchés financiers, certes à taux zéro mais tout de même : cette dette, il va bien falloir la rembourser un jour ou en tout cas la réduire pour que son montant ne devienne pas écrasant le jour où les taux d’intérêt remonteront, ce qui est un peu le cas en ce moment.

Et c’est possible de contenir cette dette ?

Si on met de côté les propositions farfelues ou démagogiques du style "on annule la dette", la réponse est oui, heureusement, c’est possible de la contenir mais cela ne pourra se faire que sur plusieurs années : c’est la conclusion à laquelle est parvenu un rapport remis hier au gouvernement par l’ex-ministre des Finances Jean Arthuis. En fait, et à condition de limiter très fortement la progression des dépenses publiques, c’est-à-dire à moins de 1% de hausse par an, ce qui veut dire moins que ce qu’on a fait depuis dix ans, on commence à infléchir la dette à partir de 2030 : c’est dire, en réalité, l’effet d’inertie. Cette dette, c’est comme un énorme paquebot qu’on n’arrive pas à arrêter. Si on ne fait rien, en revanche, le risque est qu’un jour, elle devienne insoutenable.

En attendant, le confinement partiel décidé ce jeudi, c’est encore de la dette en plus.

Les départements reconfinés pèsent 40% de l’économie du pays. Il va falloir une rallonge de 1,2 milliard par mois en aides d’urgence pour les entreprises concernées. Ce qui porte l’addition mensuelle des aides à 7,2 milliards. Tout ça, c’est de la dette. Il n’y a pas le choix : cette dette sert à sauver des entreprises, à préserver nos capacités de rebond et donc in fine nos capacités de remboursement plus tard. Mais lorsque nous sortirons de la pandémie, on l’espère d’ici l’été, nous devrons définir une stratégie face à l’emballement de la dette publique. Nous ne couperons pas à ce débat en pleine campagne présidentielle.