L’État et les tribunaux de commerce veulent encourager les entreprises à se mettre en redressement judiciaire. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
L’initiative est inédite et elle peut surprendre. L’État et les tribunaux de commerce veulent encourager les entreprises à se mettre en redressement judiciaire.
Cela peut sembler paradoxal mais il faut être réaliste. La crise va provoquer une vague très importante de défaillances et des dizaines de milliers d’entreprises sont menacées. Or, le bon réflexe face à cela n’est pas de chercher à tenir coûte que coûte, ce que font trop de patrons de PME et de très petites entreprises. Le bon réflexe, c’est au contraire de savoir utiliser les procédures qui existent avant qu’il soit trop tard, avant qu’il n’y ait plus rien à faire. D’où cet appel inédit en effet des tribunaux de commerce, qui ont parfois, à tort, une image de tribunaux de faillite : "venez nous voir, on peut vous aider à éviter la mort de votre entreprise". Et des emplois qui vont avec.
Le but c’est de détecter plus tôt les difficultés.
Absolument. Quand une entreprise commence à rencontrer de graves difficultés, il existe plusieurs procédures pour faire face comme la conciliation économique. Ça permet, avant même d’engager une procédure de type redressement, d’alléger le passif et parfois ça peut suffire pour passer un cap difficile. Le redressement judiciaire, à tort assimilé à un échec, peut même être l’occasion de rebondir. Comme le dit le patron de SOS Entrepreneur, lui-même passé par la case défaillance et qui s’est reconverti dans l’aide aux entrepreneurs, 70% des entreprises placées en redressement judiciaire obtiennent un plan de continuation pour peu qu’elles soient accompagnées.
Ce qu’il faut, c’est que ces patrons de petites entreprises acceptent de se faire aider.
Oui car ils se sentent souvent seuls, ils ont la hantise compréhensible de voir leurs biens saisis, parfois leur maison. Ce mois d’octobre va être crucial. Beaucoup d’échéances qui avaient été repoussées vont tomber. Il faut que les entrepreneurs en difficulté osent frapper à la porte des tribunaux de commerce, un peu comme on se rend aux urgences voire dans un service de réanimation. Il existe des solutions pour étaler les dettes, négocier avec les créanciers et obtenir de nouveaux délais. C’est pénible mais face à une crise aussi violente, tout le monde va devoir s’y mettre pour limiter le nombre de faillites.