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Selon les chiffres de l’association internationale du transport aérien, de très nombreuses compagnies ne sont qu’à quelques mois du dépôt de bilan. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les derniers chiffres de l’IATA, l’association internationale du transport aérien, sont alarmants. De très nombreuses compagnies ne sont qu’à quelques mois du dépôt de bilan.

Ces chiffres donnent le vertige en effet. Les compagnies aériennes brûlent 300.000 dollars par minute, 13 milliards par mois. Dans leur ensemble, elles n’ont que huit mois et demi de trésorerie devant elles, avant la cessation de paiements. Bref, malgré des aides massives des États estimées à160 milliards au niveau mondial pour le moment, le secteur reste extrêmement mal en point. Il faut dire que le trafic n’est toujours pas revenu. Il est inférieur de 70 à 80% à ce qu’il était avant la crise du Covid. Les aéroports sont vides, les tableaux d’affichage sont clairsemés.

Cela signifie que les États vont devoir encore passer à la caisse l’année prochaine ?

C’est ce que demande déjà Air France-KLM aux États français et néerlandais, oui, et ils ne sont pas les seuls ! La question à se poser est : est-ce que les États feront un bon pari en continuant à soutenir les compagnies aériennes ? Autrement dit, y-a-t-il encore des raisons d’y croire et de penser que l’on retrouvera un jour le niveau de trafic que l’on connaissait avant la crise ? Il y a bonnes chances que oui. Malgré toutes les crises, le transport aérien n’a cessé de se développer depuis plus d’un demi-siècle. Trois chiffres : 108 millions de passagers dans le monde en 1960. Un milliard en 2000. 4,5 milliards l’an dernier. Que ce soit après les attentats du 11 septembre, la crise du SRAS en Asie, la crise financière de 2008, le transport aérien s’est toujours relevé. Pour des raisons de fond : la classe moyenne mondiale augmente, de plus en plus de gens ont les moyens de prendre l’avion. Autre raison de fond : le monde est de plus en plus urbanisé et les deux-tiers du trafic aérien provient de grandes métropoles. Et cette tendance va se poursuivre.

Notamment en Asie.

Oui sur les deux à trois milliards de passagers attendus dans les 15-20 ans qui viennent, les deux-tiers seront issus de pays émergents et surtout de Chine et d’Inde. Les écolos qui s’opposent à la croissance du trafic aérien sont en Europe, mais la croissance est en Asie et elle va rester très forte dans les années qui viennent. Les compagnies aériennes sont au fond du trou en ce moment, mais leur avenir, vous le voyez, n’est pas du tout aussi noir qu’on pourrait l’imaginer.