François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Ce Brexit dur qui devient un peu mou.
Les négociateurs britanniques et européens ont fini hier par trouver un accord quelques sujets de contentieux qui faisaient blocage. Il y a du compromis dans l’air.
On ne va pas revenir dans le détail sur le texte de 123 pages qui a été validé ce lundi par les négociateurs en chef David Davis et Michel Barnier, bien qu’il reste encore de nombreux points qui n’ont pas été tranchés, mais oui, on progresse. Par exemple sur cette fameuse période de transition qui va suivre le Brexit. On ne savait pas trop jusqu’à présent à quoi elle servirait. Maintenant on le sait : entre le 30 mars 2019, date du Brexit et le 31 décembre 2020, il y aura là 21 mois pendant lesquels le Royaume Uni devra continuer à respecter et à profiter des règles de l’Union européenne tout en commençant à s’adapter à ce que sera sa vie après la transition. Par exemple, les citoyens européens qui voudront étudier ou travailler en Grande Bretagne pourront continuer à y aller avec les mêmes droits qu’avant le Brexit. Les entreprises n’auront pas à changer du jour au lendemain de législation ou de règles, notamment dans le secteur financier. Et le gouvernement pourra même commencer à négocier des accords commerciaux ou de libre-échange avec des pays tiers, comme les États-Unis, la Chine ou le Japon et, s’ils sont conclus, ils ne pourront être mis en œuvre qu’après la période de transition.
Mais il reste des points de blocage ?
Le plus sérieux d’entre eux concerne l’Irlande. Mme May ne veut pas d’une frontière en dur entre l’Ulster qui fait partie du Royaume Uni et la République d’Irlande. Les Européens lui répondent qu’elle ne peut pas en même temps quitter l’Europe et garder la liberté de circulation dans les deux Irlande sans surveillance et contrôle douanier. Les Européens ont réussi à inclure dans le texte d’hier que si les Britanniques ne trouvent pas de solution, l’Ulster continuera de bénéficier de la plupart des acquis européens.
Sauf que pour les partisans d’un Brexit dur, c’est inadmissible.
Et c’est pour cela que leurs adversaires pro-européens reprennent espoir. Mes confrères de Politico qui suivent ce dossier au jour le jour signalent qu’il ne se passe plus une semaine sans que la Maison de l’Europe de Londres, l’antenne de la Commission et du Parlement européen dans la capitale britannique n’organise des évènements, des rencontres et des débats entre personnalités du camp Remainer, c’est-à-dire ceux qui se sont battus contre le Brexit dans la campagne du référendum. On y retrouve des gens de droite et de gauche, des patrons, des écolos, des représentants de la jeunesse. Tous n’ont qu’une mission, mettre une pression maximale sur les députés de la Chambre des Communes qui ne savent plus très bien où ils en sont pour que le jour dit, lorsqu’il faudra ratifier le traité du Brexit, ils le rejettent. Ce qui remettrait les compteurs à zéro. Et obligerait peut-être à rebattre les cartes.