Sébastien Krebs revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Sébastien Krebs remplace François Clemenceau du mardi 3 avril au mercredi 4 avril 2018 inclus.
Le bilan qui s'est alourdi après les manifestations dans la bande de Gaza. 17 morts côté palestinien, tués par l'armée israélienne qui a ouvert le feu contre les manifestants. C'était vendredi, journée la plus sanglante à Gaza depuis la guerre de 2014. La communauté internationale s'indigne, l'ONU réclame une enquête. Refus catégorique d'Israël qui assume l'usage de la force.
C'est maintenant une guerre des mots et des images, pour gagner la bataille de l'opinion internationale.
Israël est accusée d'avoir tiré de façon disproportionnée sur des manifestants armés tout au plus de quelques pierres, ou de pneus qu'ils venaient faire brûler. Des manifestants face à des tireurs d'élite.
Tout le week-end ont circulé des vidéos filmées par des palestiniens avec leurs téléphones portables. On y voit par exemple un jeune de 19 ans qui court, un pneu à la main et s'effondre, abattu d'une balle dans le dos. Il est mort sur le coup. On y voit aussi une femme marchant seule vers la frontière, brandissant un simple drapeau palestinien. Elle aussi, tombe brutalement.
Des séquences, certes sorties de tout contexte (on ne sait pas ce qui s'est passé avant) mais qui choquent. Les journalistes présents ne racontent rien de plus que des groupes de jeunes lançant des cailloux ou des cocktails molotov, le plus gros des 30.000 manifestants restant en retrait.
Que répond Israël ?
"Bravo à nos soldats" a tweeté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le ministre de la Défense leur promet des médailles et l'armée israélienne riposte elle aussi à coup de vidéos, des images où l'on distingue deux hommes armés. Israël affirme que ce rassemblement dit "pacifique", dissimulait des opérations terroristes, et annonce que 10 des manifestants tués étaient issus de la branche armée du Hamas. Le Hamas, lui, n'en reconnait que cinq.
L'inquiétude grandit car la manifestation de vendredi n'était que le premier acte.
Oui parce cette 'Grande marche" est conçue pour durer, avec comme point d'orgue la mi-mai, lorsqu'Israël célébrera ses 70 ans.
D'ici là, les rassemblements palestiniens vont se répéter chaque vendredi et cela inquiète d'autant plus que tous les ingrédients d'une potentielle explosion sont réunis.
Le désespoir de deux millions d'habitants, étranglés par le blocus, les coupures d'électricité et la pénurie d'eau potable. L'administration est à terre et les fonctionnaires ne sont plus payés. Ajoutez à cela le sentiment d'humiliation au moment où les États Unis déménagent leur ambassade à Jérusalem.
Le Hamas n'a pas eu besoin de beaucoup souffler sur les braises. Lui qui a échoué à se réconcilier avec le Fatah de Mahmoud Abbas trouve sans aucun doute, un intérêt à ce regain de tensions pour se refaire une santé. Ces tirs israéliens à balles réelles lui ont offert exactement ce qu'il cherchait pour remettre la cause palestinienne au premier plan