À seulement quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, Antonin André nous livre son édito politique.
La politique c’est le débat d’entre-deux tour, un affrontement quasi physique c’est d’abord ce qu’on retient le niveau de violence.
C’est du jamais vu, un tel niveau de violence de la première seconde à la dernière seconde. On a vu deux candidats à la présidentielle à la limite de l’insulte. À tel point d’ailleurs que les journalistes eux même semblaient sonnés, incapables de séparer les deux boxeurs. Quand je dis du début à la fin : lorsqu’il s’agit de s’adresser aux Français, les yeux dans les yeux pour la dernière fois avant le vote, la minute de conclusion, au lieu de regarder la caméra et de leur donner envie d’adhérer, Marine Le Pen ne parle pas aux Français : elle a continué de pilonner son adversaire comme une rengaine qui tournait en boucle.
Dans ce match de boxe qui ressort vainqueur ?
La perdante c’est Marine Le Pen. Pourquoi ? Parce qu’elle a été dans l’agression du début à la fin. Elle a pourri le débat. Son projet c’est le dénigrement de l’adversaire, c’est l’invective à la limite de la vulgarité : "C’est sorti ça va mieux ? Buvez un petit coup ça va allez mieux". On croyait entendre les gauloiseries de son père. L’outrance et la caricature. Marine le Pen a raté l’occasion de se hisser à un niveau présidentiel et d’une certaine façon elle a rendu les armes : elle est dans une posture d’opposante pas de conquérante. Emmanuel Macron parfois s’est laissé entraîner à la castagne c’est vrai, mais globalement il s’est retenu et il a réussi à parler projet, à l’entraîner sur son terrain : sur l’euro, l’industrie, la fiscalité en mettant à chaque fois Marine le Pen devant ses contradictions, ses incohérences, démontrant au fond que le projet de Marine le Pen est souvent défaillant.
Est-ce que ce débat peut influencer le vote de dimanche ?
En tous cas il n’est pas de nature à réconcilier les Français avec les politiques au terme d’une campagne dont la violence restera le marqueur. Et qui est sans doute aussi un peu le reflet du pays, ce qui augure des lendemains d’élections difficiles. Sur le vote : Une présidentielle on l’a souvent dit : c’est l’occasion de rassembler le plus de Français sur un projet, une vision, donner de l’espoir sans aller jusqu’au rêve. On était très très loin hier soir. Ce débat ne donne pas forcément envie d’aller voter, ou alors d’y aller pour sanctionner, dégager celui que l’on déteste plus que pour adhérer à celui qu’on choisit.