"Il y a une nécessité de réformer l'Europe", affirme Claude Bartolone. Il interpelle les dirigeants européens sur leur politique menée.
Ses principales déclarations :
Le commissaire Olli Rehn devrait trouver le budget 2014 globalement positif. Pris point par point, le budget et la politique sont donc plutôt négatifs...
"C'est là où l'on voit qu'il y a une nécessité de réorienter l'Europe. Ca ne peut pas être l'Europe ouverte à l'extérieur et dure à l'intérieur."
On vous reproche de ne pas faire trop de dépenses publiques, trop d'impôts, qui étouffent la compétitivité...
"Et moi je lui reproche de ne pas faire assez sur le chômage des jeunes, le chômage en général, sur la désespérance qu'entraîne le consensus de Bruxelles. M. Barroso et les commissaires européens doivent se rendre compte qu'avec une telle attitude de l'Europe, c'est l'Europe offerte aux populistes, aux anti-européens, à l'extrême droite aux prochaines européennes. L'Europe offerte à tous les ennemis de l'Europe alors que l'on va fêter le 70ème anniversaire du débarquement et de la libération de Paris, à l'origine de l'idée européenne puisque l'Europe, c'est d'abord la paix."
Dans votre livre, vous stigmatisez une Europe égarée dans un prêt à penser libéral au service d'un capitalisme financier devenu fou. A bas cette Europe-ci, dites-vous.
"Bien sûr ! Comment peut-on continuer à avoir comme seul horizon l'inflation ? Des paramètres économiques alors que l'Europe sociale se meurt, qu'il y a autant de jeunes au chômage, de désespérance sociale ?"
C'est aux gouvernement nationaux d'agir pour limiter le chômage...
"C'est aussi ce besoin d'Europe par la preuve ! Je suis d'accord pour que la France fasse des efforts pour maîtriser sa dette ! Mais si dans le même temps, l'Europe n'a pas des programmes - comme elle l'a annoncé mais pas suffisamment - pour combattre le chômage des jeunes, pour avoir de grands investissements, pour avoir une convergence sociale !"
Mais il faut changer les responsables et l'ordre...
"C'est tout le débat de la prochaine élection !"
Vous ne cachez pas votre inquiétude : aux européennes, le scénario catastrophe, c'est PS et UMP battus par le FN...
"C'est un risque ! Voyez ce qui se passe en Autriche, où il n'y a pourtant que 5% de chômage."
Si Marine Le Pen est en tête, la faute à qui ?
"C'est la faute à tous ceux qui ont laissé l'Europe dériver comme elle l'a fait, prise par le néolibéralisme anglo-saxon et le libéralisme autoritaire allemand. Il faut changer l'Europe, c'est la raison qui doit nous emmener à soutenir les propositions du Président de la République, qui propose aux allemands en particulier et à l'Europe une gouvernance plus importante de la zone euro. Nous sommes dans une période qui peut être bénie pour l'Europe : il n'y a pas d'élection majeure en Allemagne ou en France dans les trois ans et demi qui viennent."
La France n'est-elle pas gouvernable ou vos amis ne savent pas gouverner ?
"Non non, la France est gouvernable mais nous sommes dans une situation extrêmement délicate ! Vous n'héritez pas de 612 milliards de dette… !"
Jusqu'à quand allez-vous sortir ce refrain ?
"Vous ne pouvez pas demander à un gouvernement quel qu'il soit de réparer les bêtises de 10 ans en 18 mois ! Dix ans qui ont emmené la suppression de 800.000 emplois industriels, quand vous voyez le dernier chiffre du commerce extérieur, qui montre que la France a perdu en énergie pour pouvoir vendre ses produits à l'étranger..."
A cause de qui, dit l'OCDE ? Les 35 heures...
"Non ! Je ne crois pas ! Voyez la productivité française, il y a plusieurs raisons. Si vous voulez que l'on ait ce débat-là, notamment sur le prix réclamé par le capitalisme pour s'investir dans les entreprises françaises... Je vous le dis : le vrai chantier, c'est la reconstruction du pays, de nos entreprises ! Nous le faisons. Le CICE, c'est la reconstruction des entreprises ! Leur capacité d'investissement, d'embauche : c'est cela qu'il faut expliquer au pays, notamment aux plus humbles. Je suis élu de Seine-Saint-Denis, je sais ce que cela représente pour les pauvres, pour les ouvriers. Ceux à qui l'on parle d'un nouveau monde et qui se demandent s'ils y auront leur place !"
Pour cela, il faut être crédible. A quel niveau d'impopularité devient-il difficile de gouverner ?
"D'abord, il y a une chose : vous pensez qu'il est facile d'être populaire quand d'un seul coup vous augmentez les impôts pour empêcher les banques et les institutions financières de prendre le contrôle du pays ? Vous croyez qu'il est facile de réclamer des efforts et d'utiliser les impôts ?"
C'est la faute des autres, toujours... Les banques, l'Europe, le capitalisme, les patrons...
"Non, pas du tout ! Souvenez-vous : vous faisiez ces remarques au moment de la dernière présidentielle ! Il y avait un certain nombre d'institutions financières qui, après l'élection de François Hollande, se disaient : "Entre les promesses et la dette, les taux d'intérêt vont augmenter !" L'effort de la France aurait servi à payer les taux d'intérêt plutôt que les premières priorités ! Je veux insister là-dessus : après l'élection, qu'a voulu faire le Président ? Permettre le respect de notre indépendance nationale par rapport aux institutions financières, et financer les premières priorités, notamment l'école."
Pour pouvoir reprendre la main, que doit faire le Président ? Qui doit remettre en cause ? Lui ? Son entourage ? Ses élus ?
"D'abord toute la majorité ! Il n'y a pas de bouc émissaire ! Aujourd'hui, il faut que nous soyons plus actifs pour associer les Français à ce besoin de reconstruction du pays !"
Que doit-il faire lui-même ?
"Le Président aura à préciser, à chaque fois qu'il interviendra, comme il le fait, les orientations qu'il propose au pays. Le CICE, c'est pas une orientation minime pour permettre la reconstruction des entreprises !"
C'est de la langue de bois !
"Demandez aux chefs d'entreprise que vous recevez si 20 milliards d'euros pour le CICE pour reconstruire les marges, embaucher, rechercher, investir... Ils savent ce que c'est !"
Pour le CICE, la TVA stratégique doit-elle être appliquée au 1er janvier 2014 ou être supprimée ou reportée ?
"Non non, il faut continuer à maintenir l'effort ! Mais il faut montrer dans le même temps aux Français qu'ils sont associés à cet effort. Quand je vous dis qu'il faut reconstruire le pays, sa capacité de production, d'innovation, d'exportation, mais dans le même temps il faut qu'il y ait ce débat avec les chefs d'entreprises et les organisations syndicales pour associer tout le monde."
Comment fait un Président avec un Premier ministre qui ne le protège plus ?
"Je vois très bien comment vous essayez d'arriver à une question..."
Et vous d'y échapper...
"Je n'y échappe pas ! C'est une question qui se pose à l'ensemble de la majorité ! Comment nous sommes mieux organisés, plus précis sur ce besoin de reconstruire la République partout, surtout quand un certain nombre de nazillons manifestent pour le 11 novembre, comment on réinstalle la République partout et comment l'on montre à nos compatriotes que ce besoin de reconstruction du pays est indispensable pour permettre le progrès social."
Savez-vous ce qu'il doit faire ? Ce que vous avez envie de lui dire ? Les députés demandent à être reçus par le Président, révèle Europe 1...
"Mais les députés s'expriment ! Pour bon nombre d'entre eux, ils rencontrent le Président, et en l'occurrence aujourd'hui respectons les institutions ! On ne dit rien au Président de la République, il sait entendre ! Je sais ce que le moment venu il saura s'exprimer devant les Français"
Que lui demandez-vous de changer ?
"Mais je ne lui demande pas de changer ! C'est son travail ! Ce ne sont pas mes oignons !"
Peut-il rester le Président normal ?
"Aujourd'hui, il faut qu'il soit de plus en plus le Président attendu par les Français, qu'il puisse leur dire à quoi servent leurs efforts. C'est vrai : nous réclamons des efforts aux Français pour reconstruire le pays, son appareil de production, son appareil de protection."
Un pronostic pour Ukraine-France ?
"3-1 pour la France !"