François Baroin a choisi de ne pas se rendre à la réunion de l'UMP dressant le bilan de 10 ans de droite au pouvoir.
François Baroin, député-maire UMP de Troyes et ancien ministre
Ses principales déclarations :
Pourquoi serez-vous absent de l'après-midi d'évaluation des 5 ans de sarkozysme ?
"Je trouve que c'est une drôle d'idée, au mieux inutile, au pire dangereuse. Vouloir organiser un regard objectif ou subjectif de la part de sa famille vis-à-vis du mandat de Nicolas Sarkozy ne permet pas de mettre en perspective les 5 années de Nicolas Sarkozy. On peut prendre le problème dans tous les sens, au final, ce sera interprété comme le procès de Nicolas Sarkozy ! Il y aura des phrases, il y a eu hier des déclarations d'anciens ministres..."
"2007-2012, c'est une crise sans précédent, qui n'a pas d'autre référence sur le plan économique et financier que la crise des années 1930, avec les conséquences que nous savons. Ce qui veut dire que Nicolas Sarkozy n'est pas responsable de l'augmentation de la dette, comme la gauche se tue à le dire ; comme François Hollande s'est efforcé pendant cette campagne de mentir aux Français pour obtenir une majorité de rencontre et devenir Président. Nicolas Sarkozy a subi une situation, comme tous les autres chefs d'Etat et de gouvernement durant cette période."
A son égard, c'est un mauvais coup, une faute de l'UMP ?
"C'est d'abord du nombrilisme, ça n'intéresse pas les Français. Le regard porté sur ce quinquennat, c'est le travail des historiens. Nous, nous sommes en responsabilité politique. Je suis d'autant plus à l'aise pour le dire que je ne suis pas un sarkozyste historique, j'ai eu des débats avec Nicolas Sarkozy. J'ai été en désaccord avec lui sur le débat de l'identité nationale, je l'ai dit à l'époque."
Les protestataires d'aujourd'hui critiquaient des réformettes à l'époque ?
"Je me suis efforcé de défendre la politique qu'il menait. Il a occupé un leadership exceptionnel, il a un rôle historique avec Mme Merkel dans le sauvetage de l'euro, des économies des Français et de la stabilité de notre économie. Nous devons valoriser ce qu'il a fait, retenir ce leadership."
"S'il y a un inventaire à faire, nous devrions observer, 18 mois après, le constat des promesses de François Hollande, et la réalité de ce qui se passe aujourd'hui."
Les grandes voix, Fillon, Bertrand, Pécresse et d'autres ont réclamé l'inventaire et seront absents. Trois heures consacrées à 5 ans de mandat, le terme d'inventaire rejeté... Craignent-ils que l'ex devienne le futur recours ?
"Peut-être ! Ce sera à lui de le décider ! Peut-être qu'il devra revenir. Mais de toute façon, c'est inutile et dangereux. C'est une mauvaise séquence, il faut vite que cette journée se termine."
"Nous devons, chiraquiens, sarkozystes, tous ceux qui ont contribué à la majorité, mettre en perspective ce mandat très singulier et hors du commun qui n'a pas permis d'atteindre tous les objectifs fixés en 2007."
Sur sa proximité avec François Fillon et Nicolas Sarkozy, une "double fidélité" inconfortable ?
"Aujourd'hui, seul François Fillon est candidat déclaré à l'élection présidentielle. Il est l'un des deux ou trois seuls à pouvoir exercer cette responsabilité en 2017, avec, de mon point de vue, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Ces deux-là ne sont pas encore candidats, ma situation n'est donc pas inconfortable. Les relations entre un ancien Président et un ancien Premier ministre leur appartiennent. Moi, je suis un homme libre."
Où va François Fillon ? Que veut-il faire ?
"François Fillon a une stratégie d'émancipation, c'est une stratégie qui comporte des risques. Elle doit être appréciée à la mesure de ces risques. Se séparer de Nicolas Sarkozy aujourd'hui, c'est une prise de risque, l'histoire dira si c'était dans un sens profitable pour lui."
Sur l'affaire Léonarda. Vincent Peillon a tiré le premier, dans la cour de l'Elysée...
"C'est choquant."
L'expulsion vous choque t-elle ?
"On est dans un Etat de droit, il y a une décision de justice. Elles doivent être appliquée. C'est révélateur de l'état de délabrement de la gauche dans son spectre le plus large à l'égard de la question de l'autorité. Qu'un ministre de l'éducation vienne tacler son collègue de l'intérieur dans la cour de l'Elysée, c'est choquant, c'est un problème d'autorité, il vient du Premier ministre et du Président de la République. L'autorité qui ne conduit pas à l'ordre mène au ridicule, dit Malraux."
Les policiers n'ont-ils appliqué trop mécaniquement la loi ?
"Je ne connais pas la situation. Place Beauvau, nous avons les uns les autres procédés à des expulsions, la fermeté et l'humanité ont toujours fait partie des dogmes. La loi a été votée par cette majorité, la circulaire déclinée par ce ministère de l'Intérieur. Que certains, à gauche, veuillent la peau de Manuel Valls, à gauche, c'est curieux, c'est un étrange paradoxe. C'est la droite qui vole à son secours ! Il est à peu près le seul à vouloir faire son travail, un travail d'autorité et d'établissement de l'ordre. Est-ce qu'il le fait bien dans toutes les circonstances, je n'en sais rien. Il y a une enquête dans ce cas précis. Mais ça ne justifie pas les cris d'orfraies que l'on a entendu hier."
S'il y a faute, cette famille reviendra, dit Ayrault...
"Si la décision de reconduite à la frontière de Léonarda est annulée, ce sera une double peine pour ce gouvernement. Cela voudra dire que le ministre de l'Intérieur a tenté quelque chose avec des circulaires d'application, cela voudra dire que son Préfet et les forces de l'ordre n'ont pas tenu compte de la circulaire, cela voudra dire qu'il y a eu une faute, et la personne expulsée reviendra dans des conditions tellement médiatisées que ce sera un échec global de la politique de reconduite aux frontières."
"Une partie de la gauche est mal à l'aise avec la problématique de l'autorité, et qui veut, au fond, que la France accueille toute la misère du monde. Sur les droits d'asile, c'est assez simple, il y a des droits, des procédures, des avocats : 80% des demandes d'asile sont déboutées, 80% où se situent probablement les parents de cette Leonarda, c'est douloureux à entendre, mais la force du droit doit s'imposer au droit de la force !"
Demandez-vous que, le moment venu, le Président s'exprime ?
"Imaginons que l'arrêté de reconduite à la frontière est annulé, et que cette jeune fille revient en France : cela poussera automatiquement le ministre de l'Intérieur à la démission. Le Président de la République sera à ce moment-là obligé de parler."
"Je ne demande sûrement pas la démission du ministre de l'Intérieur, je le soutiens, ainsi que la démarche d'application des circulaires déclinant des lois de reconduite à la frontière, dans la fermeté et l'humanité selon le slogan."
Sur l'impopularité de François Hollande :
"Qu'attend t-on d'un Président de la République ? Qu'il fixe un cap, définisse une méthode de travail, fixe des objectifs et un calendrier. Le drame, depuis 18 mois, c'est que François Hollande - est-ce sa nature ou une déformation venue de Solferino ou une expérience de l'Etat insuffisante au point de donner un sentiment de brouillon permanant sur chaque sujet - a un problème d'autorité. Peut-être a t-il trop lu Malraux ou n'en a pas retenu les meilleurs conseils.. "