Stéphane Le Foll a rappelé que "tous les contrôles ont été faits indépendamment de l'enquête sur ce trafic de cheval".
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire, de l'Alimentation et de la Forêt
Ses principales déclarations :
Un an après Spanghero, encore des trafiquants de viande de cheval. Les leçons et les contrôles ne servent à rien ?
"D'abord, ce n'est pas le même type d'affaire. Dans l'affaire Spanghero, c'était de la substitution de viande de bœuf par du cheval. Là, c'est des chevaux qui ont été vendus et mis à la consommation alors qu'ils n'auraient pas dû l'être : c'est lié à un trafic. Il y a une enquête, la justice a été saisie. Cette enquête ira jusqu'au bout, ceux qui ont fait ce trafic seront sanctionnés et sévèrement."
Un réseau dont le chef est à Narbonne, 11 départements concernés avec des maquignons, des vétérinaires, et personne n'est au courant ?
"Personne ne sait car ceux qui trafiquent cherchent à se cacher pour trafiquer ! Donc il faut découvrir ces trafics, les déceler et faire ce que fait la Justice aujourd'hui : traduire les coupables."
Et quand vous l'avez appris vous-même ?
"Quand je l'ai appris moi-même, une enquête avait été engagée, lorsque le procureur a annoncé cette enquête de manière publique, j'ai été prévenu à peu près en même temps, un peu avant... Des services du ministère de l'Agriculture était aux côtés de l'enquête pour la Justice..."
Les faits remontent à fin 2011, dénonciation fin 2012, information judiciaire novembre 2013. Pourquoi un tel délai ?
"C'est justement pour les raisons de l'enquête ! Il faut le temps ! Si vous voulez réussir à découvrir tous les coupables, il faut être sûr de remonter l'ensemble de la filière. Aujourd'hui, on sait à peu près le nombre de cheveux, qui était à la tête du réseau, qui avait des actions dans ces malversations, ces falsifications, en particulier semble-t-il des vétérinaires. Tout cela nécessite du temps."
"Ça a concerné plusieurs centaines de chevaux."
Sait-on si ces malversations n'auront pas d'effets sur la santé ?
"Aujourd'hui, tous les contrôles qui ont été fait indépendamment de cette enquête, qui avaient été fait en particulier après l'affaire du cheval et des lasagnes, montrent qu'il n'y a pas eu de trace de différents produits susceptibles de nuire à la santé. A partir de là, aujourd'hui, ce qui est dénoncé et est en train d'être mis au jour, c'est ce trafic. On ne connait pas son ampleur exacte et qui a acheté cette viande. Pour l'instant, on ne peut pas dire qu'il y ait un risque sanitaire. Il y a une enquête, il faut la poursuivre. Nous avions renforcé les contrôles, il va falloir les renforcer encore plus."
60 chevaux ont servi dans l'industrie pharmaceutique, chez Sanofi Pasteur qui va se constituer partie civile, qui s'estime victime. Sanofi a fait ce qu'il fallait faire en matière de précaution ?
"Sanofi utilise les chevaux pour faire des sérums et des vaccins. C'est un support qui permet ensuite de pouvoir avoir des vaccins en partie antitétaniques, tout ce qui est sérums... Donc c'est important pour Sanofi. Ensuite, Sanofi se porte partie civile : pour eux, ces cheveux devaient aller dans des centres, mais pas à l'abattoir et à la consommation !"
Peut-on être sûr qu'il n'existe pas d'autres réseaux de maquignons incorrigibles, récidivistes, et quelle sévérité demandez-vous ?
"Sûrs, jamais. Mais la sévirté, la plus grande ! Et d'ailleurs dans la loi de consommation Hamon, les sanctions ont été triplées ou quadruplées."
Depuis la vache folle, les bovins ont un fichier européen. Vous voulez en faire autant pour les chevaux. Pourquoi c'est difficile ?
"Parce qu'il y a des histoires de passeports qui existent dans certains pays, pas dans d'autres... Il faut négocier comme toujours, au niveau européen aussi."
La Commission de Bruxelles publie son rapport sur l'étiquetage de la viande dans les plats préparés. Selon Isabelle Ory d'Europe 1, cela coûterait trop cher pour Bruxelles, entre +15 et 50% ? L'argument vous décourage ?
"Non, ça ne me décourage pas. J'ai rencontré le commissaire il y a déjà quelques temps, c'était l'argument qu'il avait fait valoir. On sait très bien que, pour l'étiquetage de la viande dans les plats cuisinés, quel niveau, quel pourcentage de viande, ça fera l'objet de la discussion. Mais il ne faut surtout pas s'arrêter sur le coût pour dire : "On ne fait rien" ! On a besoin d'avoir de la traçabilité. C'est la position de la France."
Qui paierait ?
"C'est l'information donnée aux consommateurs. Qui paierait ? Ceux qui seraient chargés de faire ces étiquettes, faire en sorte que le consommateur sache d'où viennent les produits dans les plats transformés."
Vous réunissez toutes les filières de l'agriculture pour leur faire part du partage des fonds européens liés à la PAC. Il s'agit de rééquilibrer les subventions accordées aux éleveurs par rapport aux céréaliers ?
"Non.. C'est fait... La PAC en tant que telle, elle a été négociée. Cet après-midi, à 16h, ce sera les éléments plus techniques de mise en œuvre de la réforme de la PAC, en particulier les répartitions sur les aides couplées... Je ne vais pas rentrer dans les détails."
Xavier Beulin se dit très fâché contre vos services : lors de la négociation de la PAC, le ministère aurait donné des chiffres faux... Les revenus des céréaliers auraient été augmentés, ceux des éleveurs bovins sous-estimés...
"Les statistiques du ministère sont sous contrôle européen, faits sous le contrôle de l'INSEE en France. C'est un statut totalement indépendant et protégé. Le ministre n'a rien à voir, et c'est tant mieux, dans la publication et la confection des statistiques. C'est la responsabilité indépendante des statisticiens ! Dans ce débat sur les chiffres, il y a une commission nationale des comptes de la Nation pour l'agriculture où il y a des professionnels. Je n'y suis absolument pour rien !"
Vous essayez de créer plus de justice entre les céréaliers et les éleveurs...
"Depuis de longues périodes, les éleveurs ont un revenu bien inférieur aux autres productions, en particulier les céréaliers."
En moins d'un mois, le Premier ministre a proposé l'écotaxe, la remise à plat fiscale, publié le rapport sur l'intégration, et les a retirés. Comment le citoyen peut-il faire confiance à ce gouvernement ?
"Il peut lui faire confiance parce que..."
Pourquoi vous riez ?
"...Je vois la liste et la question posée ! Elle est toujours assez radicale avec vous ! Est-ce qu'il peut faire confiance ? La preuve, c'est que sur d'autres sujets... Suspension de l'écotaxe, il s'est passé quelque chose quand même ! Je suis bien placé pour le savoir, vous aussi. Mais qu'est-ce qui fait le chômage ? Y'a-t-il eu une politique engagée ? La question de la croissance ? L'investissement ?"
Est-ce que Matignon protège encore beaucoup le Président ?
"Le Premier ministre fait son travail avec tout l'engagement qui est le sien, qu'on lui connait."
Laurent Fabius reconnait que le gouvernement boite quelques fois... Vous qui êtes un Hollandais de toujours, comment, pour son avenir, dans ces conditions, la France peut-elle marcher droit ?
"La France marche dans une crise et la traverse. Et l'objectif, c'est le redressement de ce grand et beau pays. C'est ça l'objectif, il ne faut pas en changer."
La France ne boite pas un peu ?
"Elle a des difficultés ! Il y a sûrement des choses à améliorer. Ceux qui disent qu'il n'y a rien à améliorer se trompent. Il faut toujours s'améliorer."