Vincent Peillon affiche maintenant une solidarité indéfectible avec son collègue Manuel Valls sur l'expulsion de Léonarda.
Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale
Ses principales déclarations :
Si l'enquête administrative conclut à l'erreur et à des abus, Manuel Valls doit-il démissionner instantanément ?
"Certainement pas. J'entends qu'il y aurait des polémiques au gouvernement : non, il y a une politique du gouvernement, celle que nous appliquons ensemble. Dans ce registre, c'est celle qu'applique avec fermeté mais beaucoup d'humanité Manuel Valls."
Si l'enquête montre que tout a été fait dans les règles, vous démissionnerez ou présenterez des excuses ?
"Mais ce n'est pas... Vous en faites une question de personne, de carrière. Il arrive qu'il y ait en France un certain nombre de choses qui relèvent du droit et des principes."
Vous avez attaqué un de vos collègues dans la cour de l'Elysée ? Pourquoi avoir provoqué et peut-être affaibli le Président ?
"J'ai fait l'inverse ! J'aimerais que vous citiez les propos qui sont les miens. Je soutiens Manuel Valls qui, le matin même, avait demandé en coordination avec nous tous une enquête administrative dont on aura les résultats d’aujourd’hui. Vous verrez, c'est ce qui est en train de se produire, que les choses sont simples. Il y a les règles du droit, bien entendu un pays doit pouvoir maîtriser ses flux migratoires. Notre pays, je le dis aux Français, est généreux, il accueille, il a des voies de recours, c'est un Etat de droit. Et puis il y a des gens qui ne les respectent pas, il faut à ce moment-là - et c'est tout à fait naturel - qu'on les reconduise à la frontière. Mais dans l'application de ces règles, il y a un principe qui va être compris très rapidement : quand ce sont des mineurs... Ils ne portent pas la faute de leurs parents ! Quand ils sont scolarisés, on n'intervient pas dans le cadre de la scolarité, plus globalement de la vie scolaire."
Qu'ont fait Manuel Valls, les policiers ? Ils n'ont pas respecté règles, droits, lois de la République ?
"C'est bien ce que Manuels Valls comme nous tous voulons savoir. Il a diligenté une enquête administrative le matin-même. Ce qui est certain, c'est que quand on est dans le cadre d'une sortie scolaire, c'était le cas, on est dans la vie scolaire. Jusque là, et nous continuons, c'est pourquoi on parle de sanctuarisation, c'est un point commun à nous tous. On ne doit pas intervenir dans ce temps-là !"
Ne vous êtes-vous pas précipité ? Vous avez agi avec de l'émotion...
"Ah, certainement pas. C'est une recommandation cartésienne, je suis contre la précipitation. Mais vous voyez bien comment les choses se déroulent, il n'y a pas de conflit, de polémique dans le gouvernement, il y a une politique du gouvernement. Je vous la rappelle : les règles de droit et la sanctuarisation de l'école."
Demandez-vous le retour de Leonarda ? Avec ou sans sa famille ?
"Ce n'est pas à moi de prendre une décision ou de demander ! Il y a une enquête, nous avons à respecter les règles de droit. Moi personnellement ? Ce que je dis, mais ce n'est pas personnel : il ne faut pas intervenir dans le cadre scolaire, nous ne le faisons jamais. Il semble que ça s'est produit, ça suscite l'émotion que vous voyez, c'est compréhensible. Donc il ne faut pas que cela se reproduise. S'il faut préciser, c'est ce que dira l'enquête, des règles de droit, codifier davantage pour que ce soit mieux compris, alors il faudra le faire."
On parle d'un élargissement d'une circulaire de 2012, l'école sanctuarisée, ce que disait Manuel Valls tout de suite aussi, et le temps de la vie scolaire...
"Vous me reprochez ce qui serait le propos-même de Manuel Valls ! Vous voudriez nous opposer ! Je lui affirme ma solidarité."
Votre intervention dans la cour de l'Elysée n'a pas donné le sentiment de venir à son secours mais d'être gêné par sa popularité...
"Mais enfin, vous imaginez sur quels principes on est ? Des vies humaines, des règles de droit, l'asile, l'immigration, je suis le ministre de l'Education Nationale et vous m'expliquez que les considérations qui seraient les miennes... Vous avez vu hier des milliers de jeunes dans la rue ? Je leur demande d'ailleurs maintenant de rentrer dans les établissements. Cette émotion qu'ils ont ressenti, tous ceux qui connaissent notre Histoire la ressentent. Nous ne sommes pas là pour faire des commentaires ou créer des problèmes mais apporter des solutions conformes à nos règles de droit et nos valeurs."
La police expulse chaque jour des illégaux, des situations douloureuses, personne ne proteste, pas vous...
"Pour la raison que je viens d'expliquer. Mais enfin, écoutez... Un enfant mineur ! Ca protège notamment cet enfant, c'est un grand principe, il n'est pas responsable des fautes de ses parents ! Et deuxièmement, ça protège tous les autres enfants : vous les voyez dans la rue ? Parce qu'ils sont émus !"
Vous leur demandez de rentrer dans les classes...
"Bien naturellement."
Vous leur demandez d'aussi d'éviter d'être instrumentalisés par des manipulateurs quels qu'ils soient ?
"Je n'ai pas à juger les uns et les autres, à caractériser, à dire où est le bien et le mal, à entrer comme vous le souhaitez dans des conflits de personnes... Il y a des règles, il y a eu un problème, nous le voyons : il ne porte pas sur l'application des règles de droit mais sur les usages qui sont les nôtres par rapport à la scolarité. Ce problème va être réglé. Je demande effectivement aux lycéens de ne pas tout amalgamer et, puisqu'ils veulent le droit à l'éducation de ne pas bloquer ceux qui souhaitent entrer dans leurs lycées. Je leur demande maintenant de rentrer dans leurs établissements."
Le conseil national éducation économie : on va marier davantage école et entreprise...
"On va les marier mieux, car elles le sont déjà ! 700.000 lycéens dans les lycées professionnels, on n'en parle pas assez, 700 diplômes professionnels gérés par l'Education Nationale et les branches professionnelles. Mais il y a des difficultés vous les connaissez, les 150.000 décrocheurs, les orientations subies pour beaucoup d'élèves, et la nécessité de se préparer à l'avenir, les formations doivent changer très vite, s'adapter au monde. Il faut un dialogue constant entre les régions qui ont la compétence économique, l'Etat et les entreprises. Ce conseil a cette vocation, animer ce dialogue, qu'il soit plus précis, prévoir l'avenir."
Sur les rythmes scolaires, vous promettez des améliorations. Quand et quel type ? A 8 heures sur Europe 1, des parents réclamaient le samedi matin...
"Il ne faut pas confondre périscolaire et scolaire, ma responsabilité c'est le scolaire, c'est le mercredi matin ou samedi matin au choix. L'Education Nationale a fait son travail, ce n'était pas simple, les enfants qui passent dans cette réforme ont un meilleur temps pour apprendre, c'est important, notre objectif est lire, écrire, compter, c'est la réussite. Il appartient aux collectivités locales d'organiser le périscolaire comme avant, nous les aidons à le faire pour que plus d'enfants en bénéficient."
"Maintenant il y a des communes où il y a des difficultés, il faut donc les arranger. Il y a un comité de suivi où siègent représentants de parents d'élèves, syndicats, collectivités locales, premier rapport sérieux en décembre. Si des recommandations doivent être faites sur la maternelle ou sur des liaisons entre les professeurs et les animateurs, elles seront faites mais ce n'est pas un temps de la scolarité obligatoire, c'est un temps périscolaire."
Sur la circulaire : il va y avoir une intervention du Président ou du Premier ministre qui donnera raison à tout le monde... Personne n'a tort ?
"Je me suis exprimé... Nous avons eu un échange avec Manuel Valls dès mardi après-midi, nous n'avons jamais été sur une ligne différente. Il faut de la fermeté car il est tout à fait naturel qu'un pays comme le nôtre, en plus généreux, puisse réguler ses flux. Et il faut de l'humanité et nos principes : ils seront réaffirmés collectivement. Mais il n'y a jamais eu entre nous d'opposition, je le redis. Il y a une politique du gouvernement, elle est ferme et humaine."
Il faut vous croire...
"Comme toujours."