Thomas Sotto reçoit le témoignage de Frédéric Matwies, ancien mari violent et auteur de "Il y avait un monstre en moi".
Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait Frédéric Matwies, ancien mari violent et auteur de « Il y avait un monstre en moi » (Ed. Michalon).
Ses principales déclarations :
"Le premier coup [porté à Sabrina, mère de ses deux filles] est parti dans les 3 premiers mois du début de notre relation. Au début, c'était des échanges verbaux de plus en plus durs. Un jour, on dépasse les limites, un gifle part. Après le coup, quand tout s'apaise, on s'interroge, on se demande comment on a pu réagir ainsi, on s'excuse. Je croyais ne plus jamais le faire... Après la première gifle, les coups se succèdent, avec le temps, les années, la violence est allée crescendo. On peut se dire que l'engrenage commence."
"Les violences étaient fréquentes : une fois toutes les semaines, 2 ou 3 fois par mois, c'est très variable. Comment Sabrina a t-elle pu accepter cela si longtemps ? Je crois qu'au début, de par son éducation, sa culture, elle acceptait. Puis finalement, au fil du temps, de moins en moins."
"Aurais-je pu la tuer ? Bien sûr. En y repensant, oui. Je considère qu'il suffit d'un coup, avec une mauvaise chute, on peut tuer..."
"Au bout de dix ans, cette violence s'est arrêtée : Sabrina a porté plainte. Un vendredi soir, il y a eu une engueulade, elle est montée en puissance très rapidement, j'ai pris un couteau sur la table, je l'ai menacée, avec une intention d'en finir, de la planter. Ça s'est fini par quelques points de suture. Le lendemain, elle a déposé plainte : je me suis retrouvé en garde à vue, en comparution immédiate."
"Quand je me retrouve au tribunal, je ne lui en veux plus du tout. Au fil des années, j'essayais de trouver des solutions à mon comportement, mes excès de violence : de plus en plus de sport, en parler à droite à gauche, mais je retombais dans ce cycle infernal de la violence. Quelque part, elle rendait service à tout le monde en me dénonçant. Ça a été l'occasion d'intégrer un centre thérapeutique : j'ai eu des soins qui ont duré environ 2 ans, un suivi thérapeutique individuel au départ puis en groupe. Une séance tous les 15 jours. Ça peut paraître pas très long, mais ces séances sont tellement difficiles que c'est justifié..."
"Un homme violent, c'est Mr Tout le monde. C'est une réalité. C'est aussi un homme en souffrance, souffrance qu'il doit soigner. Malheureusement, dans la plupart des cas, il faut arriver à une situation extrême pour que l'auteur soit emmené à des soins, à une thérapie."
"Je n'ai plus jamais levé la main sur une femme. Aujourd'hui, s'il y a un souci avec ma compagne, je sais en parler, mettre des mots. On réapprend à vivre, à se comporter, la relation... Je suis convaincu qu'on peut en sortir."
"Je pense que Sabrina et mes filles m'ont pardonnées. Sabrina a refait sa vie, elle a eu un garçon, les filles sont adolescentes... Me suis-je pardonné ? Je n'ai plus de reproches à me faire : par le biais de cette thérapie, dix ans après, j'ai tellement avancé. Je n'ai aucune crainte pour retomber dans ce cauchemar..."