En remportant la Floride, Donald Trump a conforté son avance dans le "Super Tuesday", mais reste désavoué par une partie du camp républicain, estime Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis.
En remportant la Floride mardi, Donald Trump est plus que jamais favori pour l'investiture républicaine fin juillet. Le candidat a prédit des "émeutes" si le parti républicain devait décider de ne pas l'investir pour affronter le candidat démocrate dans la course à la Maison-Blanche, parce qu'il n'aurait pas la majorité requise de délégués.
"Je ne vois pas comment l'appareil peut se retourner contre les électeurs". "Chaque fois qu'il gagne un scrutin, il n'est jamais majoritaire, c'est toujours autour de 45% ou 46% des suffrages exprimés", explique Nicole Bacharan sur Europe 1. L'historienne et politologue rappelle par ailleurs que "s'il n'y a pas de majorité lors de l'investiture du parti, il y aurait une convention ouverte. Ce serait une situation complètement inédite pour les partis modernes". "Mais cela me parait difficile. Je ne vois pas bien comment l'appareil peut se retourner contre les électeurs", estime l'auteure de Du sexe en Amérique et Une autre histoire des Etats-Unis.
"Le parti républicain ne se reconnait pas dans Donald Trump". "Chaque année où il n'y a pas un président ou un vice-président qui va être le nominé plutôt évident pour l'investiture, il y a un désaccord à l'intérieur du parti. Cette année, c'est manifeste", observe pour sa part James Gillespie, président de l’association "Republicans Overseas France". "Je crois que le parti républicain ne se reconnait pas dans Donald Trump", reprend Nicole Bacharan. "Et qu'en même temps, il arrive là d'une manière logique. Le parti républicain a vendu son âme de manière successive à des gens qui étaient complètement extrémistes ou qui n'avaient rien dans la tête, comme Sarah Palin, en allant chercher des voix aux extrêmes. C'est tragique pour le parti. Soit il survit en admettant que Donald Trump est le candidat, soit il se divise en deux et il y a une refonte de ce parti."
"Un sentiment de frustration". Candidat anti-establishement, Donald Trump surfe sur le sentiment des Américains de ne pas être entendus. "Il y a un sentiment de frustration, voire de trahison d'une partie de la population, qui trouve que les élites politiques ont complètement ignoré les vrais soucis et que leur voix ne se fait plus entendre", explique James Gillespie. Même chose chez les démocrates, avec le socialiste Bernie Sanders. "Si vous regardez la carte électorale, vous vous apercevez que les Etats qui ont voté pour Donald Trump ont voté pour Bernie Sanders côté démocrate", analyse Joe Smallhoover, président de l’association "Democrats Abroad France".
Fin juillet, les deux partis désigneront lors de conventions leur candidat officiel à la présidence, avant de connaître, le 8 novembre, le nom de celui ou celle qui succèdera à Barack Obama.
Invité(s) : Nicole Bacharan, historienne et politologue, auteure de "Du sexe en Amérique" et "Une autre histoire des Etats-Unis", James Gillespie, président de l’association "Republicans Overseas France" et Joe Smallhoover, président de l’association "Democrats Abroad France"