Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.
Dans la presse ce matin, un petit air de festival.
Oui puisqu’on parle déjà abondamment de Cannes.
Spécial festival du film dans M le Magazine du Monde, en couverture l’acteur Javier Bardem dont le film "Every Body Knows" sera présenté en ouverture du festival. Le magazine M qui revient aussi sur l’affaire qui a largement dépassé la petite famille du cinéma, avec cette article "et Cannes créa le tout-puissant Harvey Weinstein", retour sur la cérémonie de 1994, sacrant Pulp Fiction de Quentin Tarantino, et avec lui, le VRP Weinstein, "un bouffi de pouvoir aux méthodes de butor", écrit le journal.
Cannes encore en Une de Madame Figaro qui publie "le manifeste des réalisatrices", Sophie Marceau, Tony Marschall, Anne Fontaine, Géraldine Nakache ou encore Zabou Breitman, toutes plaident pour "une révolution anti-sexiste et le refus de toutes les discriminations".
Et puis Studio, qui sort une nouvelle formule trimestrielle titre "aux armes productrices ! Enquête sur leur combat pour la parité".
Réalisatrices, productrices et actrices évidemment. Cate Blanchett dans VSD, Penelope Cruz dans le Parisien Week-end. Vanessa Paradis dans Marie-Claire qui publie également tout un dossier sur le consentement. Et Aïssa Maïga dans Télérama, la comédienne qui aborde une autre discrimination, celle découverte "une fois adulte et aspirante comédienne, dit-elle, je me suis aperçue que ma couleur de peau était la principale information me concernant : j’étais noire avant d’être actrice, avant d’être moi".
Comme seize autres comédiennes françaises, Aïssa Maïga raconte le racisme subit notamment lors des castings dans un livre intitulé "Noire n’est pas mon métier", "aujourd’hui, dit-elle, j’ai envie de banalisation, de jouer des rôles pour lesquels la couleur de ma peau n’a aucune importance".
Interview à lire donc dans Télérama. Et, preuve qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir non seulement au cinéma mais dans la presse : ce titre d’article rance dans le Parisien ce matin, sur ce même sujet des discriminations, et avec une photo d’Aïssa Maïga : "bamboula, moi ?". Visiblement, écrire le mot "noire" c’était trop simple, ou pas assez racoleur.
Et puis, l’autre festival ce matin, c’est évidemment la qualification de l’OM.
Oui, à se demander ce que ça sera si les joueurs remportent la finale.
"Héroïques", titre la Provence.
"L’OM fait battre le cœur de la France", titre la Marseillaise.
"Ils n’ont rien lâché", résume Var Matin.
Et puis l’Équipe fait la part belle au défenseur portugais, auteur du but de la qualif’ : "Rolando, ballon d’or".
Voilà, du bleu et du blanc partout du Dauphiné et à la Charente Libre.
Mais pas pour le Courrier Picard, qui affiche une autre préoccupation footbalistique en première page : en l’occurrence, le match Amiens-PSG qui se tient ce soir au stade de la Licorne. Comme dit le titre, ce sera surtout "pour le plaisir, puisque les amiénois n’ont rien à perdre".
Le Amiens SC donc, et son milieu de terrain Thomas Monconduit, 27 ans, qui balance dans Aujourd’hui-en-France : "en ligue 1, on vit dans un monde parrallèle, dit-il, avec de l’argent qui coule à flot, une surmédiatisation au quotidien. Moi je gagne bien plus que quelq’un au Smic, mais je fais mes courses au supermarché, et j’habite dans un F3 de 59 m², mais certains footballeurs ne voient pas le monde qui les entoure, dans le vestiaire, les discussions tournent autour des voitures et des jeux vidéo, ils n’en ont rien à foutre des gens et de leurs difficultés".
Voilà, il est vénère Thomas Monconduit, contre "les riches qui dirigent tout", contre "le star-system" et pour François Ruffin, le député d’Amiens dont il a "adoré le film "merci patron"" : "comme lui je pense qu’il faut défendre les gens d’en bas, conclu le joueur qui ajoute que d’ailleurs, il va peut-être se lancer en politique, même s’il déteste ce milieu".
Bon, c’est compliqué mais comme l’écrit le journaliste Gilles Tournoux, sa "personnalité tranche avec son milieu professionnel".
Interview pas banale d’une anti-star du ballon rond à lire donc dans le Parisien-Aujourd’hui-en-France.
Et puis, l’autre star (si l’on peut dire) de la presse en ce moment c’est Vincent Bolloré.
Après sa mise en examen pour « corruption d’agent public en Afrique, tout le monde publie son enquête, son portrait du milliardaire. On a donc "Bolloré, la chute", en couverture de Marianne qui vous dit tout sur "le protégé des politiques, le fossoyeur de Canal + et son coffre-fort Africain". L’Obs s’intéresse à l’homme d’affaire Jacques Dupuy Daudy, "l’ennemi juré de Bolloré", dit le magazine. Son "meilleur ennemi" corrige L’Express. Et il n’est pas le seul à lire Les Échos Week-end, il y a aussi Paul Singer, "l’ennemi américain de Vincent Bolloré". Un milliardaire propriétaire de ce qu’on appelle un "fond vautour" dont parle également ce matin le Figaro. Violence du monde des affaires. On peut signaler aussi ce long article du Monde qui résume : "démêlé judiciaire, concurrence accrue, gouvernance contesté : l’empire de Vincent Bolloré accumule les déconvenues". Enquête de Sandrine Cassini et François Bougon dans laquelle on trouve cette phrase d’un "proche" de l’industriel breton : "Vincent Bolloré a le sang-froid d’un tonton flingueur de la mafia sicilienne". Je sais pas si parler de "mafia" va l’aider mais bon. Parfois les amis pensent bien faire.
Enfin, rappelons que ceux qui suivent le dossier Bolloré depuis de très longue semaine déjà, bien avant tout le monde, ce sont les journalistes du site Les Jours, sur lequel n peut lire la série intitulé "l’empire" qui en est déjà à son 94e épisode.
Enfin, cette information, "demain la France entrera en déficit écologique".
Oui, "notre dette écologique est toujours plus colossale", c’est le titre du journal Les Échos en page 2 qui explique que "si la France parait en bonne voie pour sortir de la procédure de déficit excessif à Bruxelles, on ne peut pas en dire autant de son déficit écologique : clairement, si le reste de l’humanité avait le même niveau de consommation des ressources naturelles que l’hexagone, écrit le journal, le stock que la planète peut reconstituer en un an serait épuisé dès ce samedi 5 mai. C’est le calcul fait par l’ONG WWF selon laquelle "il faudrait l’équivalent de 2,9 planètes Terre pour subvenir au besoin de la population mondiale". Une alerte que l’on retrouve aussi dans le journal l’Humanité qui va droit au but : "nous vivons au-dessus de nos moyens écologiques".
Sommes-nous complètement foutus pour autant ? "Non, répond Valérie Gramond, la directrice des programme de conservation au WWF, tout n’est pas perdu !, dit-elle, Les solutions sont connues et les français y sont de plus en plus favorables : ça passe, par le développement du bio, la généralisation des énergies renouvelables, et le développement des transports en commun". Oui et puis, comme je vous le disais hier, par mettre ne place une politique de promotion la frugalité, de la moindre consommation. Encore faut-il, comme dirait "la Ségolène Royal" de Nicolas Canteloup, retrouver notre ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot. Mais c’est encore un autre sujet.