La presse quotidienne revient ce mardi sur la réforme du Code du travail et notamment sur le rapport Badinter remis à Manuel Valls.
Ce matin en Une de vos journaux on promet le grand chambardement :
Primaire à gauche, Libération lance les débats.
Le Figaro : Code du travail : les français prêts à tout changer.
La Croix : Le Code du travail remis sur le métier.
Même l’Union européenne essaie de répondre aux urgences :
l’Opinion : Schengen, opération dernière chance.
Code du travail
Bon, pour l’affichage, ce sont les grandes manœuvres. D’ailleurs, les Français attendent ça : le Figaro dégaine un sondage nous expliquant que 85 % des Français jugent l‘actuel Code du travail trop complexe et que pour 63 % il est un frein à l’emploi. Mais ceux qui rêvent de dérégulation libérale devront modérer leurs ardeurs : pour 53 % il n’est pas assez protecteur des droits des salariés. Les deux mesures plébiscitées dans le sondage sont les référendums d’entreprises et les heures supplémentaires.
Mais à lire les éditos ce matin, le rapport Badinter fait pschitt. "Il faudrait être de bien mauvaise composition, juge Florence Chédotal dans La Montagne, pour bouder ce catalogue vertueux de grands principes, drapé de bons sentiments. A défaut de choc, donc, il nous reste la simplification".
Dans La Voix du Nord, Hervé Favre rappelle l’agitation qui avait suivi la publication du livre de Robert Badinter avant l’été. "Depuis cette contribution au débat qui avait fait les délices de Pierre Gattaz, Robert Badinter a sérieusement réfréné ses audaces réformatrices ! Dans cette forêt obscure qu’il décrivait hier, on ne peut pas dire que Robert Badinter et les membres de son comité aient sorti la tronçonneuse pour éclaircir l’horizon des employeurs".
"De facto, conclu Thierry Rabiller dans Paris Normandie, le projet Macron de remettre un peu la France au travail tombe à l’eau. Et quand on épluche les 61 propositions faites par l’ancien Garde des Sceaux, on se dit que rien ne bougera d’ici 2017". On appelle ça un coup pour rien.
Ecole
Il y a les taxis qui manifestent ce matin mais il y a aussi les enseignants. Le Monde et les Echos reviennent sur la contestation toujours puissante de la réforme du collège. Et parmi les grands débats que veut ouvrir Libé pour sa primaire à gauche, il y a bien sûr ce constat accablant : la France est devenue championne de la reproduction sociale. Le journal donne la parole à François Dubet, expert inamovible et inspirateur de toutes les réformes depuis 20 ans. "A priori, l’école française devrait être l’une des plus égalitaire. La part des richesses qui y est consacrée est dans la moyenne de celle des pays comparables, la scolarisation précoce y est plus importante, le système, centralisé, est formellement homogène, les diplômes sont nationaux, les enseignants sont recrutés un haut niveau académique et notre culture politique lui accorde un rôle essentiel". Alors le mal selon lui ? L’élitisme. Celui que combat la ministre de l’éducation nationale au nom de l’égalité. On sélectionne et on traumatise.
Mais le débat du jour autour Najat Vallaud Belkacem, on le trouve dans le Parisien : c’est son silence sur le plateau de Canal+ face à un dirigeant d’une ONG musulmane refusant de serrer la main aux femmes et développant une rhétorique pour le moins ambigüe sur l’Etat Islamique. Dans le journal elle répond, elle parle d’indignation, de nausées : "je me suis dit : "mais quelle horreur". Un commentaire était-il nécessaire ?"
Mais sur le site Figaro Vox, Céline Pina, élue PS, voit dans cette scène le symbole du malaise des politiques français face au discours des extrémistes religieux. "À la soumission au nom de la foi, répondons par la création, meilleur part de l'homme ; à la tradition au nom de l'immuabilité du divin, répondons par l'émancipation, au nom de la capacité de progrès qui est en l'homme".
Bidonville
Les images sont sordides en Une du Parisien. Dans le ventre du bidonville caché. Le journal nous raconte la vie des 300 roms et roumains dans un campement sauvage dont le modèle semble s’imposer en France. Dans le Figaro, ce sont les tentes du camp de Grande-Synthe près de Dunkerque, et l’instrumentalisation menée par les No Borders, activistes politiques opposés aux frontières qui poussent les migrants à attaquer les forces de l’ordre. Deux pages pour décrire l’impuissance. Sur la page suivante, un article qui raconte comment l’Allemagne essaie de diffuser auprès des réfugiés un guide de bonne conduite alors que se multiplient les incidents dans des piscines ou des boites de nuit. "Sourire n’est pas considéré comme une tentative de drague. Uriner en public est un délit. Porter des vêtements courts comme une mini-jupe est normal…" Le texte a été élaboré nous dit l’article avec des personnes d’origines étrangères pour qu’il ne passe pas pour arrogant. C’est vrai qu’affirmer les valeurs et le mode de vie européens, c’est arrogant.
Bonheur
Heureusement le Parisien nous annonce que le bonheur est à portée de main. Etre heureux ça s’apprend. C’est même une sorte de discipline. C’est d’ailleurs la Une de Science et Vie qui est allé explorer toutes les parties de notre corps qui nous aident à nous sentir heureux. Point négatif : il y a une part génétique, donc nous ne sommes pas tous égaux. Point positif : ça se travaille.
Le Parisien nous donne d’ailleurs quelques trucs : manger des cornichons qui font fabriquer de la sérotonine et de la dopamine dans notre tube digestif. Et puis sourire : la preuve, les femmes botoxées dont le rictus est figé dans un sourire factice, sécrètent plus de sérotonine que les autres. En revanche, pour ceux qui regardent, c’est moins plaisant.
Si votre adolescent fait la tête, ce n’est pas forcément parce qu’il ne mange pas assez de cornichons, c’est peut-être qu’il a mal dormi. 20 Minutes nous apprend que des chercheurs de l’Université d’Oxford ont identifié la cause de ce sommeil perturbé : l’odeur. Les chambres d’ados pas aérées, qui sentent le fauve, ça perturbe les nuits et ça peut même, d’après le professeur Colin Espie, avoir un impact sur les résultats scolaires. Elle est là l’explication. Il faut prévenir le ministère de l’Education Nationale. Pas besoin d’exigence, de transmission, de culture… Un petit ménage dans les chambres et tout sera réglé.