La presse quotidienne revient ce vendredi sur l'attaque déjouée à Paris dans le 18e arrondissement hier.
Ce matin en Une de vos journaux on se remet doucement des nouvelles secousses.
Celle du terrorisme : Le Parisien : attaque déjouée à Paris : imprévisible.
Celle qui agite une fois de plus le monde du football : L’Equipe : Les vérités de Platini.
Celles, surtout, qui a bousculé la bourse chinoise :
La Croix : le ralentissement chinois inquiète le monde.
Le Monde : La Chine, danger économique numéro un.
L’Opinion : Sous le krach, la croissance molle.
En une de Society, en revanche, on n’est pas sûr que ça secoue quoi que ce soit, mais ça fait tout de même dix pages d’entretien avec Alain Juppé : Lui président ?
Et puis, Marianne veut réveiller les consciences. Commémorer, c’est bien, agir, c’est mieux : les nouveaux résistants. Avec une enquête indispensable : comment l’islamisme ordinaire s’enracine.
Économie
On finirait presque par l’oublier, mais il y a des informations au moins aussi cruciales que les arguties sans fin autour de la déchéance de nationalité. Aujourd’hui, la presse s’inquiète pour l’économie mondiale. Pour la Chine bien sûr puisque c’est là que les alertes ont eu lieu mais aussi pour nous. La Croix, toujours optimiste, tente de nous rassurer. L’Europe ferait mieux que résister. Le chômage dans la zone Euro, nous dit Dominique Greiner, a atteint en novembre dernier son plus bas niveau depuis octobre 2011, soit 10,5%. C’est pratique de raisonner à échelle européenne, ça évite de regarder l’état de la France.
Pourtant, à lire l’éditorial du Monde, on sent que 2016 ne sera pas réjouissante. Le journal développe les trois menaces qui pèsent sur ce début d’année. Fragilité de l’économie chinoise bien sûr, qui conduit Pékin à relancer une guerre des monnaies, course en avant de l’Arabie Saoudite également qui inonde la planète de pétrole à prix cassé pour appauvrir l’Iran et contrer la production de gaz de schiste américaine. Le pétrole bon marché est un avantage, le pétrole trop bon marché devient un danger. Enfin, la réserve fédérale américaine a relevé ses taux d’intérêts, ce qui, nous dit Le Monde, pourrait entraver les investissements des pays émergents.
Dans L’Opinion, c’est le cas français qui retient l’attention. Rémy Godeau accuse dans son éditorial : l’exécutif minimiserait l’état réel du pays. "Il faut que notre économie soit en piteuse situation pour que, malgré le contexte favorable de 2015, la croissance peine à dépasser 1%, le chômage poursuive son envolée, la désindustrialisation s’étende". Mais en 2016, la situation mondiale se dégrade, les excuses seront toutes trouvées.
Mitterrand
Parmi les nombreuses évocations de l’ancien président disparu il y a 20 ans, il en est une qui retient l’attention ce matin. Parce qu’elle nous parle de nous, d’aujourd’hui. C’est le texte de Jean-Pierre Chevènement dans la revue Le Débat. Des extraits en sont repris dans Le Figaro. En particulier le récit de ce fameux tournant de 1983 et de l’abandon par François Mitterrand des espoirs qui l’avaient porté au pouvoir. "Fallait-il sortir du serpent monétaire européen ? Je vis vraiment, et peut-être pour la première fois de ma vie, François Mitterrand hésiter. Cette question apparemment technique était en fait suprêmement politique : à rester alignés sur le Mark allemand, nous serons conduits à surenchérir sur la rigueur budgétaire du nouveau gouvernement conservateur allemand".
Pour l’ancien ministre de l’Industrie, François Mitterrand avait surestimé l’empire qu’il exerçait sur Mauroy et sur Delors et se trouva acculé. Mais Jean-Pierre Chevènement évoque aussi la foi de François Mitterrand en l’Europe, une foi forgée par une histoire personnelle et par des années de guerre qui s’était inscrite dans la pensée de ce président qui substitua une légende, l’Europe, à une autre, l’union de la gauche. François Mitterrand a été fidèle à sa promesse : il ne nous a pas quittés.
Déchéance de nationalité
L’union de la gauche, voilà bien une notion complexe aujourd’hui. La presse ne se sort pas de ce débat sur la déchéance de nationalité. Mais on trouve aujourd’hui des textes de fond, nourrissant enfin une véritable réflexion. Les tribunes publiées par Le Monde qui réfléchissent à ce que signifie l’appartenance à une nation comme adhésion à un projet collectif.
On peut y ajouter le texte de Jacques Julliard dans Marianne. "Autrefois, lance-t-il avec un brin d’ironie, les choses étaient plus simples. En temps de guerre, les traites, ceux qui retournaient leurs fusils contre leur patrie, on les fusillait. Mais sommes-nous en temps de guerre ?" Question métaphysique. Toujours est-il que c’est la faiblesse des régimes en place, explique-t-il, non l’autorité, qui est à l’origine des dérives autoritaires.
Loin de ces réflexions de fond, la presse semble effarée ce matin par le cas Taubira. Alors que Le Monde publie un texte commun de la ministre de la Justice et du ministre de l’Intérieur défendant la loi sur le terrorisme, Le Figaro s’amuse de sa nouvelle défection sur la question de la déchéance de nationalité. Pendant ce temps, Marianne publie une enquête sur le logement social dont elle aurait bénéficié. Mais même dans une société laïque, il est des icônes auxquelles on ne touche pas.
Survivalisme
Le Monde consacre une article à ces fermiers américains de l’Oregon qui se sont constitués en milices pour réclamer la restitution de terres appartenant à l’Etat. Une occasion de plonger dans la tête de ces libertariens rêvant de vivre en marge des institutions. Ça tombe bien, l’excellent magazine Usbek et Rica signe une enquête sur ces tribus nouvelles, libertariens, survivalistes, tous ces gens qui se construisent une existence en marge d’un système dont ils attendent l’effondrement. Une crise mondiale ? Eux ne la craignent pas, ils s’y préparent en organisant l’autarcie. Un mélange de vie communautaire et d’individualisme farouche. En même temps, quand on lit dans Le Parisien la liste de ces formidables inventions qui promettent de changer nos vies grâce aux nouvelles technologies, comme ces sublimes baskets connectées à un smartphone avec laçage et délaçage automatique grâce à une application, on a comme envie d’aller rejoindre la zad de Notre-Dame-des-Landes.
La plus belle touche d’humour ce matin est racontée par un article de Libération. Henriette Reker est maire de Cologne. Réagissant aux agressions sexuelles perpétrées par des centaines de jeunes hommes avinés le 31 décembre, elle a voulu rassurer les femmes. Une solution selon elle pour lutter : "conserver un bras de distance avec tout inconnu et se déplacer en groupe afin de se protéger". Sinon, il y a des pays où on a trouvé une autre solution : burqa, niqab… C’est dommage qu’elle n’y ait pas pensé, Madame le Maire.