Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Conflit politique et paix civile à la Une de la presse
La guerre est symbolique mais elle occupe bien les journaux. "Benalla, guerre froide entre l’Élysée et le Sénat", titre Ouest France. "Sénat-Elysée, c’est la guerre", choisit la Dépêche du Midi et dans le Midi Libre, Jean-Michel Servant parle d’une "guerre entre les anciens et les modernes. En suggérant au parquet de poursuivre plusieurs collaborateurs du président de la République, les sénateurs ont volontairement franchi la ligne rouge et déclenché l’arme atomique contre l’exécutif". Il y a les conflits politiques et puis en Une des journaux, il y a les soldats français de l’opération sentinelle mobilisés pour "l’acte 19" des Gilets jaunes. L’Humanité s’indigne devant "l’inacceptable bruit de bottes" comme si les soldats déployés demain sur les points fixes menaçaient plus la paix et la liberté que les blackblocks ? "Les bigots du droit de l’hommisme peuvent hurler", ironise Yves Threard dans son édito du Figaro. Il convient de ne pas inverser la charge des responsabilités sur les violences. Enfin, les pompiers lancent un SOS. Nos soldats du feu sont fragilisés, sursollicités et de plus en plus agressés, s’alarme Libération. La presse voit donc la France en kaki ou en guerre ce vendredi matin. Pourtant, en cette journée mondiale de l’eau, l’Unicef publie un rapport qui vient relativiser nos mauvais rêves de guerre civile et nous apprend que sur les théâtres de guerre, les vraies guerres, le manque d’eau tue plus d’enfants que les soldats et les bombes.
Nice sur le pied de guerre ?
Nice-Matin parle en tout cas d’état d’urgence pour la cité azuréenne alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à y recevoir demain le président chinois. Le quotidien décrit les restrictions de circulation jusqu’au positionnement de tireurs d’élite à Beaulieu sur Mer où aura lieu dimanche un dîner inédit entre les deux chef d’État. Nice où les Gilets jaunes n’auront pas droit de manifester car on redoute là-bas, comme à Paris, des émeutes ou de la casse. La casse, on la retrouve en photo dans Paris Match à la Une duquel on retrouve notre président l’air un poil teigneux. À l’intérieur, s’étend sur une double page la photo prise samedi dernier sur les Champs-Élysées d’un homme en noir décochant à 50 centimètres du sol, en plein extension un coup de pied de kung fu ou de Ninja à un autre homme en noir. C’est à peine si un Gilet jaune tenu dans la main du "karatécasseur" permet de le distinguer du CRS. Ça c’est pour la photo, pour le choc des mots, un riverain a trouvé la formule : "les samedi de manif sur les Champs-Élysées C’est un peu Platoon sans la jungle et Beyrouth sans les Snipers". Alors comment la réparer cette France qui fabrique de pareilles images de guerre civile ?
"Réparer la France", Une de Zadig
Ce nouveau magazine explore la France profonde. Il sort cette semaine, proposant de prendre le temps d’ausculter le pays loin des clichés, en prenant le temps. Et puisque c’est la journée mondiale de l’eau, on prendra le large à bord d’un chalutier pour accompagner des marins pêcher la langoustine. Rude métier, rudement bien décrit par le journaliste Arthur Frayer-Laleix qui écrit des choses comme ça "Les bobines des chaluts descendent dans l’océan. C’est un ballet de cris, de chaines et de poulies sur le pont. Jusqu’à ce que les chaluts disparaissent enfin dans l’eau noire". Dans cette fresque du difficile métier de pêcher, il est question de nuits sans sommeil et de ronflement des moteurs. Ce qui m’amène sans complexe à la publication en exclusivité d’une enquête dans le Parisien-Aujourd’hui en France sur un fléau face auquel nous sommes tous en conflit plus ou moins ouvert.
Le ronflement
Le Parisien-Aujourd’hui en France nous parle de ce fléau sur la base d’une enquête de Withings (société spécialisée dans les objets connectés) réalisée à l’occasion de la journée nationale du sommeil. On en tire quatre enseignements. Trois ronfleurs sur quatre sont des hommes. Mais ils ont une excuse, l’étroitesse de leur larynx et la pomme d’Adam qui rendent plus difficile le passage de l’air. Ceci dit, les femmes en vieillissant perdent de l’élasticité dans les muqueuses et rattrapent les hommes en matière de ronflements. À partir de 75 ans, elles ronflent une minute de plus par nuit. Deuxième enseignement, plus vous êtes gros, plus vous ronflez car vos tissus mous s’infiltrent de graisse et compliquent le fonctionnement des voies aériennes. Troisième enseignement, il y a plus de gros ronfleurs à la campagne qu’à la ville. Ça peut s’expliquer par la moyenne d’âge moins élevée en ville ou certaines allergies. Enfin, dans le classement international des villes qui ronflent sur la base des mesures effectuée à partir de capteurs, les Parisiens se placent devant New-York mais loin derrière les Romains qui sont premiers.
C’est ce qu’on appelle être en polochon position.