Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
La potion sécuritaire du gouvernement face aux Gilets jaunes
Si l’idée de l’exécutif était de faire passer un message de fermeté au Français, alors la presse le fait passer ce mardi matin, comme une lettre à la poste. C’en est presque caricatural. "Après le saccage des Champs-Élysées, Matignon hausse le ton", Macron photographié en Une du Parisien-Aujourd’hui en France, la mâchoire crispée et le regard déterminé. Idem pour Édouard Philippe qui fait la Une de Libération "Contre les Gilets jaunes, le gouvernement sort la grosse artillerie". "L’exécutif veut rétablir son autorité face aux casseurs", titre le Figaro. La presse quotidienne régionale est peu plus circonspecte comme le Dauphiné qui ose cette question "la réponse est-elle à la hauteur ?". C’est vrai que depuis quatre mois que dure ce conflit avec les Gilets jaunes, ces Unes de journaux sur "les nouvelles nouvelles" résolutions du Gouvernement font sourire. Un peu comme ces conseils à la Une du numéro d’avril de Santé Magazine qui raisonne curieusement vu l’actualité sociale pour communiquer sans violence, faire baisser l’hypertension, soigner ses cicatrices ou chasser les parasites. Ce qui conduit David Abiker à vous parler ce mardi matin non pas de sécurité, mais de votre santé.
Les hôpitaux dangereux, un enjeu de santé publique
Si vous lisez attentivement le Figaro, vous découvrirez un enjeu de sécurité publique derrière un enjeu de santé publique. Car ce projet de loi qui vise à renforcer la qualité des soins en révisant la carte hospitalière veut transformer d’ici 2022 certains hôpitaux jugés dangereux en hôpitaux de proximité. Alors ça va changer quoi cette réforme pour le patient ? 600 hôpitaux de proximité seront créés d’ici 2022 permettant la spécialisation des établissements. Des assistants médicaux vont faire leur apparition dans les cabinets des médecins et un médecin traitant sera désigné aux patients qui n’en trouve pas. Un exemple de la difficulté à trouver des généralistes ?
La Charente recrute 10 médecins généralistes
On le trouve à la Une de la Charente libre ce matin. Le Département de la Charente veut salarier 10 médecins généralistes. En 20 ans, le territoire a perdu 22% de ses médecins généralistes, 25% de la population a plus de 65 ans et 50.000 personnes vivent dans un petit désert médical. Non seulement il y a pénurie médicale, mais le département cherche un chasseur de tête qui saura les faire venir ! À la clé, un salaire net entre 4.000 et 6.000 euros selon l’expérience et un CDD de trois ans.
Christian Chenay, 97 ans, médecin généraliste en activité
Pour remédier à la pénurie de médecin, on fait travailler ceux que l’on a jusqu’à un âge canonique. Dans Ouest France, ce portrait du Dr Christian Chenay, il a 97 ans et consulte deux fois par semaine dans son cabinet de Chevilly Larue dans Le Val de Marne. Il est né en 1921, il a connu la seconde guerre mondiale, soigné des générations de patients et son fils est parti en retraite avant lui, précise Ouest France. "Le Dr Chenay, on sait quand on entre dans son cabinet mais pas quand on en ressort", confie l’un de ses patients. Pourquoi ? Parce qu’il prend son temps, parce qu’il privilégie l’humain au-delà de l’examen clinique. Derrière la personnalité hors norme, et ces qualités plébiscitées par ceux qui patientent dans sa salle d’attente, ça en dit long sur ce qu’attendent les Français de leur médecine : du temps, du sourire, de l’attention et de la disponibilité.
Les Belges soigneraient moins et moins cher les plus de 85 ans
Si l'on n’a pas assez de médecins ou s’ils prennent leur retraite trop tôt, la seule façon de résoudre l’équation, c’est de réduire le nombre de soignés. C’est ce qui ressort de plusieurs études ultra sérieuses menées en Belgique par le centre Fédéral d’expertise et la fondation Roi Baudoin. Il en ressort que 40% des Belges songent sérieusement à conserver l’équilibre de la Sécu en arrêtant les traitements coûteux prolongeant la vie des plus de 85 ans. Exemple, si 69% des Belges estiment légitime de dépenser 50.000 euros pour un traitement vital, ils ne sont que 28% à conserver cette opinion si le patient a plus de 85 ans. Autrement dit, dans l’esprit d’une partie de la population, après 85 ans, ce n’est plus la peine de dépenser de l’argent pour soigner les très vieux. Cela rappelle un film avec Charlton Eston où une société victime d’une catastrophe écologique est obligée de se débarrasser de ses vieux pour nourrir les plus jeunes. Le film est sorti en 1973 et l’action se passe en 2022. On y est presque.