COP21 : Paris retient son souffle

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La presse quotidienne revient évidemment largement ce matin sur l'ouverture de la COP21.

Ce matin en Une de vos journaux devinez quoi, on parle COP 21.

Il y a ceux qui font didactique :
Les Echos : climat : les 10 points clé d’une négociation historique.
L’Opinion : COP 21 les 7 articles capitaux.

Et puis il y a ceux qui font dramatique :
Le Parisien : COP 21 : Paris retient son souffle.
Le Monde : Peut-on encore sauver la planète ?
L’Humanité : le monde au pied du mur climatique. 

Enfin, il y a ceux qui doutent :
Le Figaro : climat : la COP 21 peut-elle réussir ?
Libération : Cop ou flop ?

 

Les bonnes intentions

C’est un déferlement. On parle défis, compte à rebours.
Le Monde nous gratifie d’un cahier spécial de 34 pages. On rivalise de grandes déclarations.
"Ce qui est en jeu, c’est la vie", s’exclame Hervé Charbaud dans l’Union.
"En matière de climat, l’inaction est un crime" renchérit Paule Masson dans l’Humanité.
Du coup, légèrement agacé, Laurent Bodin parle dans l’Alsace d’un pathétique show médiatique et rappelle "qu’avant de vouloir faire la leçon au monde entier, mieux vaut être exemplaire. Or, la France de notre Dame des Landes ou de la Côte d’Azur couleur béton ne l’est pas".
Mais le dit François Hollande, en Une de 20 minutes, "c’est pour la jeunesse que se tient la COP 21".
François Hollande dont Le Monde nous rappelle qu’il a découvert très récemment l’écologie. Les dénégations de ses conseillers n’y changent rien, David Revault d’Allonnes parle du zèle du néophyte. Un zèle qui, visiblement, a pour moteur le fait qu’un accord le 11 décembre resterait aux dires d’un conseiller du Quai d’Orsay dans les livres d’histoire. Alors, ça vaut le coup de galvaniser les foules.

Greenwashing

On comprend qu’il risque d’y avoir un léger malentendu sur la notion d’écologie quand on lit les éditos de l’Opinion ou du Figaro.
Évidemment, tout le monde ne rêve que de la réussite de cette COP 21 tellement essentielle pour le climat.
Mais dans le Figaro, Gaëtan de Capèle prévient "la ligne rouge à ne pas franchir serait de s’aventurer sur le chemin mortifère de la décroissance où voudraient nous entrainer les voyous qui se sont déchainés place de la République, mais aussi une partie de la majorité".
L’argumentaire vient donner raison à Daoud Boughezala qui décrit sur le site Causeur les anarchistes et les Black Blocks comme les idiots utiles de l’appareil étatique. "L’antifa remplit une fonction policière bien précise : discréditer, à son corps défendant, toute idée de contestation. Flics zélé du système qu’ils prétendent combattre, ces adeptes de la barre de fer légitiment a posteriori l’assignation à résidence d’innocents zadistes, militants de la cause animale et autres "écolos radicaux" pendant la durée de la Cop 21".
Donc, les écolos sont des voyous, la décroissance, voilà l’ennemie et c’est par le marché qu’on s’en sortira. Ça, c’est le thème de l’édito de l’Opinion : "aux États d’abandonner les discours quasi théologiques, pragmatique le secteur privé s’attaquera avec inventivité à tous les aspects d’un bouleversement thermique déjà à l’action".
C’est aussi le discours de Martin Bouygues dans une tribune publiée par Les Echos : "une lutte efficace contre les dérèglements climatiques passe par une simplification des cadres réglementaires".  On finirait presque par croire que ce sont les méchants citoyens qui empêchent toutes ces entreprises philanthropiques de sauver la planète. 
Alors on ira chercher au détour d’un article du Monde les questions oubliées de la COP 21, préservation des océans, biodiversité.
Dans le petit glossaire publié par Libé, on trouvera vaguement les vocations du problème de l’utilisation des sols, et donc de leur destruction, mais guère plus.
Si donc vous estimez que seul un changement de modèle économique évitera de faire produire notre CO2 par des usines en Chine, de polluer les terres agricoles et de racler le fond des océans pour y chercher le sable nécessaire au bétonnage des sols, vous pouvez faire le quiz du site Slate : quel écolo êtes-vous ? La machine vous classera dans la catégorie Pierre Rabhi, Zadiste.

Reste du monde

La planète continue de tourner. Alors il faut lire la double page de Libération sur la Turquie et notamment l’article sur Tahir Elçi, avocat de la cause kurde assassiné samedi, comme une nouvelle étape dans la descente aux enfers d’un pays qui s’éloigne toujours plus de la démocratie.
A côté de cela, 20 minutes nous annonce une victoire pour les femmes saoudiennes, qui pourront pour la première fois voter et être élues à des élections municipales, à condition bien sûr qu’elles continuent à se couvrir de leur vêtement noir, qu’elles ne se mélangent pas aux autres candidats, qu’elles ne s’adressent pas directement aux électeurs hommes.
Bien sûr elles ne peuvent toujours pas travailler ou se marier sans autorisation d’un tuteur masculin, ne peuvent ni conduire ni manger seules au restaurant.

Star Wars

Pour ceux qui feraient une overdose de COP 21, ils peuvent se tourner vers l’autre matraquage médiatique du moment. Il y a compétition de hors-série.
Télérama, Philosophie magazine et Le Point en deux tomes. Un pour les gentils, un pour les méchants.
Celui de Philosophie magazine est plus politique. On y parle du rôle du pouvoir, de la notion de corruption, du rapport entre justice et force.
Celui de Télérama raconte les anecdotes de tournage : comment se débrouiller quand on a plus d’argent pour les effets spéciaux : une rampe, du velours noir, de la fumée, la lumière des sabres laser et ça donne un combat mythique.
Dans celui du Point, vous apprendrez que dans la première version du scénario Han Solo devait être tué, mais vous trouverez surtout une lettre de Carrie Fisher à son personnage, la princesse Leia, qui a dévoré sa carrière et sa vie : "moi, luttant de plus en plus contre le syndrome de stress post galactique, portant vos cicatrices, grisonnant vos cheveux éternellement noirs et ridicules. Vous agissez toujours en héroïne ; je la sniffe dans une piètre tentative d’atténuer l’éclat de votre frénétique cinéma inter galactique".
Ça date de 2013. Depuis, elle a rempilé. Parce qu’on n’échappe pas à un mythe.

 

Le site Atlantico nous apprend que Noël approche et que certains croient encore au Père Noël.
Au Brésil, l’un d’entre eux a loué un hélicoptère pour faire une surprise. Aussitôt en l’air, il a braqué le pilote, l’a forcé à se poser et est parti avec la machine.
Un Père Noël qui laisse tomber les rennes et le traineau. Pas gagnée, la COP 21!

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