La presse quotidienne revient évidemment ce jeudi sur l'élection surprise de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Ce matin en Une de vos journaux on découvre le tropisme des services photos : Donald Trump et son doigt pointé vers l’avant. Un petit côté menaçant, autoritaire.
Le Midi Libre : tornade Trump.
La Montagne : le saut dans l’inconnu.
C’est aussi le titre des Échos.
La Croix : l’inconnu.
Le Figaro : l’ouragan.
Libération : American psycho.
L’Humanité : Trump l’imposteur profite des colères américaines.
Le Parisien : ce que ça change pour nous.
Et L’Opinion : Brexit, Trump… à qui le tour ? Avec ce dessin de Kak : Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon coiffés de la perruque improbable de Donald Trump qui s’adressent à un Alain Juppé au crâne luisant : "forcément, y en a pour qui ça va être plus dur".
Trump
"Combien de séismes faudra-t-il avant que l’on daigne entendre la colère et la frustration des électeurs ?" se demande Le Parisien. Dans Libération, qui consacre 27 pages au sujet, l’éditorial de Laurent Joffrin se veut lucide. On y trouve les mots clé, ceux que les commentateurs ont redécouvert : peur du déclassement, chute des classes moyennes. On fustige ces "élites mondiales tout occupées à faire l’éloge d’une mondialisation libérale dont elles sont les principales bénéficiaires". On remarque que Donald Trump propose un vaste programme de renouveau des infrastructures publiques en s’indignant : "que ne l’a-t-on lancé avant lui ?" Mais juste après, les titres claquent : l’empire du pire, l’affliction devenue réalité. Le Figaro publie un intéressant détail des mesures des 100 premiers jours, interdiction de cinq ans pour le personnel de la Maison-Blanche et les membres du Congrès d’aller travailler dans des cabinets de lobbying, dénonciation de la Chine comme pays manipulateur de monnaie auprès de l’OMC. Et Alexis Brezet met en garde contre la caricature. Il cite l’historien américain Christopher Lasch qui évoquait dès les années 1980 la rupture entre les élites des grandes villes et le petit peuple relégué dans les zones périphériques. Il parle aussi de la défaite du politiquement correct, "cette police des maux, des comportements et de la pensée dont les oukases (de bataille pour les toilettes neutres en refus persistant de Barack Obama de nommer l’islamisme radical) avait fini par prendre des proportions délirantes. Parce qu’il n’est pas du sérail, parce qu’il n’est prisonnier d’aucun tabou, Donald Trump a su mettre ses mots sur des sentiments que les autres ne voulaient pas nommer". Mais surtout, souligne-t-il, son premier discours, digne et réconciliateur, est de meilleur augure que sa campagne. Le pire n’est donc pas sûr.
Médias
Le sujet court un peu partout mais on en trouve le condensé dans Les Échos : la victoire de Trump est aussi la défaite des médias. Nicolas Madelaine nous explique qu’il ne faut pas reprocher aux médias de s’être trompés : "le don de divination n’est pas enseigné dans les écoles de journalisme". On se demande bien pourquoi ils ont tous prédit la victoire d’Hillary Clinton. Mais surtout, la faute des médias nous dit-il, c’est d’avoir fait de la publicité à Donald Trump parce qu’il constituait une bonne histoire. Certes, ils ont questionné avec vigueur sa décence mais il a eu droit à une couverture surdimensionnée parce qu’il faisait de l’audience. Conclusion, le problème n’est pas d’être totalement coupé des réalités et des aspirations de la majorité des populations reléguées mais de trop parler de celui qui catalyse leur colère.
Éducation
On trouve dans Le Monde un article nous expliquant que sur les mêmes 10 lignes de dictée, les élèves de 2016 font 17,8 fautes contre 14,3 en 2007 et 10,6 en 1987. Le plus frappant, l’augmentation du nombre d’élèves en grandes difficultés. Quelques pages plus loin le journal publie une controverse sur l’école, parce que les différents inspirateurs des réformes de ces 30 dernières années trouvent scandaleux qu’un livre d’une journaliste de L’Obs, Carole Barjon, les mette devant leurs responsabilités. A l’école comme dans la société, les classes moyennes, les élèves moyens, sont en train de couler. Il y a peut-être un lien avec les résultats électoraux.
Le souci de l’image est-il une manipulation du réel ? Le site Atlantico nous explique qu’Hervé Morin, président de la région Normandie, vient d’écrire à Météo France pour lui demander de donner les températures à Caen ou Granville plutôt qu’à Cherbourg car la ville, soumise au microclimat froid et pluvieux du Cotentin, donnerait une image fausse du temps qu’il fait en Normandie. Traduire la vérité du climat normand guérira-t-il les blessures des ouvriers d’Alençon ou des éleveurs du pays d’Auge ? Si ça se trouve, il suffisait de moins parler de la pluie en Pennsylvanie.