La presse quotidienne revient bien évidemment ce lundi sur l'élection du nouveau président de la République, Emmanuel Macron.
Ce matin en Une de vos journaux un seul visage. Même la presse internationale a les yeux tournés vers la France, c’était d’ailleurs un argument de campagne :
The Times : Landslide for Macron.
Corriere della sera : Vince Macron, per la Francia et l’Europa.
El Païs : Francia derrota al radicalismo.
Et chez nous, l’euphorie. Certains choisissent la sobriété :
Ouest France, L’Est Eclair : Macron président.
Le Figaro : La victoire en marchant.
Il y a ceux qui s’extasient :
Les Échos : la France qui ose.
Le Parisien : 39 ans et président.
La Provence : il l’a fait.
L’Ardennais : le changement, c’est maintenant.
Libération Bien joué. Et quand vous retournez le journal, Marine le Pen : Bien fait.
Et ceux qui attendent la suite :
Le Berry républicain : Et maintenant, réussir.
L’Indépendant catalan : Juste une première marche.
Récit de victoire
Il y a les mots : jeunesse, renouveau, espoir. Certes, tous préviennent qu’il n’y aura aucun état de grâce, mais comme le résume Cécile Cornudet dans Les Échos, la France sourit. La presse est pleine des récits de la soirée d’hier. Libération raconte : "la première fête du président Macron s’inspire very much des États-Unis". Dans le Figaro, c’est un étudiant présent au Carrousel qui lance : "On aura enfin au gouvernement quelqu’un qui parle anglais". D’ailleurs, dans Le Parisien, Bernard Poignant prévient : "Sa jeunesse va impressionner le monde. Tout d’un coup, il y a un regard nouveau sur la France, ce pays souvent perçu à l’étranger comme vieillissant et en déclin". Mais ils sont également nombreux à prévenir : les fractures françaises sont apparues béantes. Dans le Figaro, Alexis Brézet, le souligne : "Avec un indéniable talent, il a su profiter des fautes et des faiblesses de ses adversaires. Mais ne nous y trompons pas : la France de Macron, cette France positive, dynamique, réformatrice, ouverte à l’Europe. Mais elle ne représente qu’un quart des Français. La France n’est pas irrémédiablement hostile aux réformes ni au mouvement, mais elle reste en même temps, comme dirait le président élu, profondément attachée à des usages, des permanences, des manières de vivre qu’elle ne veut pas voir détruit au nom d’une modernité sans rime ni raison".
Le programme
Les conjectures commencent. On entre dans la phase politicienne. Un peu partout, les portraits des proches du président, des futurs ministrables. Les Échos déclinent le programme. Un programme social libéral, un positionnement qui avait valu tant de déboires à François Hollande. Le Figaro nous explique que la France doit revenir au premier plan en Europe. Elle doit retrouver de la crédibilité aux yeux de l’Allemagne, faire évoluer l’Europe, c’est-à-dire avancer un peu plus. Les Échos nous précisent que le nouveau président aura la chance de profiter d’une conjoncture exceptionnellement favorable. La chance sourit aux audacieux.
École
Parmi les domaines essentiels pour le nouveau quinquennat, l’école. Aujourd’hui en France, nous explique le Medef a décidé d’apporter sa contribution. Parce que les patrons se désolent de voir deux millions de 15 à 29 ans ni employés ni scolarisés et un enfant sur 5 qui passe au collège sans maitriser les savoir fondamentaux. Mais les 43 pages de livret publié par le Medef, proposant la priorité aux primaires, l’autonomie des établissements et une évolution de la pédagogie pour repérer les talents et les motivations, ressemble fort, nous dit Aujourd’hui en France, au programme d’Emmanuel Macron. L’objectif du Medef : rendre les jeunes 100 % employables. Une grande période de lobbying s’ouvre jusqu’aux législatives.
Iles artificielles
Libération revient sur l’association entre la Polynésie française et The Seasteading Institute, une entreprise californienne spécialisée dans les projets d’iles artificielles censées régler les problèmes de montée des eaux. Projets lointains, mais surtout liés à une idéologie en vogue dans la Silicon Valley, l’utopie libertarienne fondée sur la possibilité de s’affranchir des États et surtout des impôts. "Dans la Silicon Valley, explique Patri Friedman, président du Seasteading Institute et ingénieur chez Google, quand quelque chose ne fonctionne pas, on le change. La gouvernance est une industrie comme une autre et une industrie défaillante. Les consommateurs sont mécontents, le système fonctionne mal. Il faut donc innover". Traduction, la démocratie freine l’innovation. Pour avancer, il faut s’en affranchir.
Emmanuel Macron est-il lecteur du Chasseur français ? Il y trouvera de quoi se familiariser avec son nouveau jardin grâce à un petit quizz. La superficie des jardins de l’Élysée ? Entre 1,5 et deux hectares. La petite serre ronde du fond a été installée par Bernadette Chirac. Et quel animal a-t-on déjà chassé dans les jardins de l’Élysée ? Le lapin, le faisan ou la corneille ? Les casseroles et coups de fusil pour faire fuir les corneilles qui empêchaient de dormir la femme d’Emile Loubet furent tels que les voisins crurent à un coup d’état. Les corneilles sont aussitôt revenues, comme des traces du réel après une révolution euphorique.