La presse quotidienne revient ce mercredi sur la venue du président iranien Hassan Rohani en France.
Ce matin en Une de vos journaux le président Rohani débarque en France :
L’Opinion : l’Iran, un nouvel ami très courtisé avec le dessin de Kak, le président Hollande saluant le président Rohani : je vous préviens, les militants des droits de l’homme sont pendus à nos lèvres. Pendus, vraiment ? Chez nous aussi.
Libération : Mollo sur le Mollah, on ne va pas le fâcher parce qu’on a besoin d’investir, même si les 9 milliards d’amendes infligées à BNP Paribas pour violation de l’embargo nous rappelle que rien ne se fera sans accord américain.
Et puis Le Parisien nous révèle les derniers échanges entre Andreas Lubitz et ses médecins : crash de la Germanwings : les derniers secrets du pilote.
Schengen
C’est la Une du Monde ce matin : Schengen : les européens veulent exclure la Grèce pour deux ans. L’Europe cherche des coupables. Du côté grec, on réagit à l’éventualité d’une mesure d’isolement qui rétablirait des contrôles à la frontière avec la Macédoine. "Comment sécuriser une frontière maritime, demande un ministre grec. En repoussant les bateaux, ce qui est illégal, en noyant tout le monde ?". Face au flux continu, Schengen se fissure.
Et pendant ce temps, Libération nous dresse le portrait d’un homme sur l’Ile de Lesbos. Alekos Karagiorgis est croque-mort. Il évoque ces innombrables enfants, ces tombes anonymes dont il a la charge. Les faux gilets de sauvetage fabriqués en Turquie par des trafiquants ne leur laissaient aucune chance. Frappé par l’austérité, le pays n’a même pas de quoi le dédommager pour ses services. Et le journal nous décrit l’impuissance résignée du dernier compagnon des petits fantômes de Lesbos.
Salafistes
Le Figaro y consacre sa Une : Salafistes : le film qui fait scandale. Mais le débat est partout ce matin. Le Monde décrit son malaise devant un film qui présente, sans aucun commentaire, les images de propagande et les discours délirants des salafistes. Le Ministère de la Culture doit-il interdire le film aux moins de 18 ans ? "La liberté d’expression n’autorise pas les appels aux meurtres et à la terreur, s’insurge Yves Thréard dans le Figaro. Espérons que le gouvernement se montre aussi déterminé qu’il l’avait été contre Dieudonné. Et moins passif que Najat Vallaud Belkacem qui n’a pas osé quitter le plateau d’une émission où un islamiste déversait son venin". On s’interroge sur la liberté du journaliste face à une telle source, sur la puissance de fascination des images qui, certes, révulsent un esprit normal mais peuvent exercer un pouvoir sur des jeunes gens fragiles.
"Risquer sa vie pour saisir la cruauté des djihadistes du Mali peut-il justifier qu’on la livre dans toute sa brutalité", se demande de son côté Jean Louis Hervois dans la Charente Libre. Il évoque le film Timbuktu et s’interroge : "la vraie fiction serait-elle plus forte qu’une réalité nécessairement négociée, achetée par des silences à ceux dont elle devrait dénoncer les crimes ?".
Détresse des paysans
Alors que vos journaux reviennent sur la colère des taxis, sur celle des enseignants, le Parisien regarde vers les campagnes : les suicides, le tabou de la crise des éleveurs. Dans les petits villages du Morbihan, on n’évoque qu’avec réticence les drames familiaux, de plus en plus fréquents, loin des villes et des médias. La solitude, la fierté aussi, la pudeur qui empêchent d’appeler à l’aide. Dans les Echos, un article nous raconte comment les éleveurs bretons payent une politique d’industrialisation, de choix du bas de gamme qui a fourvoyé les agriculteurs. La porte de sortie : des élevages bio, de qualité, à haute valeur ajoutée.
Démographie
Ce n’est pas sans lien. On trouve aujourd’hui dans Télérama et dans Charlie Hebdo deux articles qui s’agacent du traitement de l’information sur les dernières statistiques démographiques.
Dans Charlie, Fabrice Nicolino dénonce les arguments du Monde titrant sur une baisse conjoncturelle de l’espérance de vie due à une épidémie de grippe un peu plus virulente que d’habitude. Il rappelle que l’espérance de vie en bonne santé baisse depuis plusieurs années, que les cancers sont passés de 170.000 cas en 1980 à 355.000 en 2012, sans oublier l’obésité et les diabètes. Et la production mondiale de produits chimiques est passée de 1 million de tonnes vers 1930 à plus de 500 millions aujourd’hui. Il note que ceux qui meurent aujourd’hui à 90 ans et plus n’ont pas connu, au moment où se formait leur organisme et leur système nerveux, les pollutions de l’air, de l’eau, des fruits, des légumes, du pain, du fromage et du vin. L’espérance de vie mesurée aujourd’hui, c’est la leur, pas la nôtre.
La belle vie
Pour se changer les idées, on peut aller faire un petit tour au Ritz.
Pour ceux qui n’ont pas les moyens, il nous reste l’Express qui dresse le portrait d’un établissement mythique où se sont retrouvés les écrivains et les têtes couronnées. Marcel Proust, Colette, Jean Cocteau. Scott Fitzgerald y invente le coup de l’orchidée, une technique de séduction restée dans les annales. Un soir, l’écrivain a avalé un par un les pétales du bouquet d’orchidées que lui avait renvoyé une jeune femme. Et ça a marché. C’est lui qui fait découvrir l’hôtel à un jeune pigiste, Ernest Hemingway. Le 25 août 1944, il entre, fusil mitrailleur au poing, avec son petit groupe de résistants : "Je suis venu libérer le Ritz". "Bien sur monsieur Hemingway, mais veuillez laisser votre arme devant la porte" lui répond le directeur à qui il commande immédiatement une cinquantaine de martini. Les nostalgiques trouveront que les drames contemporains ont moins d’élégance.
Il aurait pu choisir Cocteau ou Hemingway, mais il a préféré Racine, histoire de taper encore plus haut. Le Parisien nous raconte la sortie de Nicolas Sarkozy qui, décidément, aime jouer les revenants magnifiques : "Jean Racine a été très perturbé par les critiques quand il a sorti Phèdre. Les critiques sont oubliées, Racine non". "Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue, mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler, je sentis tout mon corps et transir et brûler", ça vaut "j’ai changé" et le reste. Ne riez pas. Dans trois siècles, les critiques littéraires comprendront enfin la profondeur stylistique de l’œuvre sarkozyenne. Pour ce qui est des électeurs, ça prend moins de temps.