Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Champs-Élysées : la presse cherche des responsables
Ce lundi matin, une presse de mauvaise humeur qui somme le pouvoir en premier lieu de prendre ses responsabilités après ce qui s’est passé samedi aux Champs-Élysées. "Insupportable", s’exaspère le Figaro. "Comment arrêter ça ?", se demande Le Parisien-Aujourd’hui en France. "Jusqu’où iront-ils ?", se demande La Voix du Nord et la Marseillaise se pose une question en forme d’accusation "Castaner a-t-il laissé faire ?". Pourquoi ? Il y a la responsabilité du gouvernement mais il y aussi celle des Gilets jaunes. Pour Olivier Auguste de l’Opinion c’est limpide : "appeler implicitement ou explicitement à la violence, rester là où les manifestations dégénèrent et offrir au coupable la responsabilité de la foule, rire applaudir, encourager, filmer diffuser les saccages et les coups plutôt que les empêcher, tout cela fait des Gilets jaunes des complices de ce qui est arrivé". "Les Gilets jaunes ont contraint le Président à réagir sur un terrain qu’il pensait derrière lui", note Cécile Cornudet pour les Échos. Et c’est bien ça qui étonne ou exaspère les éditorialistes ce matin, une impression de retour en arrière, c’est le "Retour à case la départ", comme le titre Libération, un titre qui évoque les violences de décembre et qui évoque à un vieux slogan publicitaire "Mars et ça repart" à David Abiker.
Signaux forts et signaux faibles
Dans la presse, il y a les signaux forts comme interdire les manifestations sur les Champs-Élysées, mais il y aussi les signaux faibles qui racontent aussi la France ailleurs qu’à Paris. Var Matin, un tout petit article rapporte ce lundi matin l’agression d’un Gilet jaune de 60 ans sur une zone commerciale de La Valette dans le Var par le patron d’une enseigne voisine excédé par la préparation d’un énième barrage filtrant. Bagarre, résultat le Gilet jaune est envoyé aux urgences. C'est dans Var Martin, des civils qui se battent un matin en marge des manifestations de la veille. David Abiker a également regardé la vidéo de l’appel à la violence décomplexé de ce Gilet jaune plutôt suivi sur YouTube qui menace de monter à Paris avec d’autres pour s’en prendre aux habitant du 16e arrondissement de Paris. Il leur promet "l’ultra violence". C’est ce que David Abiker appelle des "signaux faibles". On ne les prend pas nécessairement au sérieux et pourtant ces signaux faibles suggèrent qu’un de ces jours, en dehors des affrontements avec les forces de l’ordre, des citoyens français pourraient tout simplement se mettre sur la figure. Dans Astérix on appelle ça la "zizanie" dans les livres sérieux on appelle ça la "guerre civile".
Amazon ne fait plus de commerce
C’est dans le Figaro, c’est rien du tout, une demi colonne, on peut passer à côté. Le géant du commerce Amazon quitte le commerce pour faire de la logistique. Plus exactement, il quitte la convention collective du commerce pour rejoindre en France celle de la logistique. Ca c’est un signal faible qui dit beaucoup de ce que devient le commerce en ligne aujourd’hui, un métier de logisticien, de livreur, avec 80 % de son effectif français qui bosse dans des entrepôt et qui gère des délais et des stocks.
Des élèves obligés à lire !
Comment on détecte les signaux faibles ? En lisant, en se forçant à lire. Comme ces élèves du Chalonnais dont le Journal de Saône-et-Loire rapporte qu’ils expérimenteront cette semaine 15 minutes de lecture obligatoire en classe. Vu qu’ils ne lisent plus chez eux, il faut bien qu’ils lisent quelque part. Ils liront ce qu’ils voudront mais ils liront. Et pourquoi pas un journal puisque c’est la semaine de la presse à l’École ? Et pourquoi pas le dernier numéro de Ciel et espace la revue de notre confrère Alain Cirou ? Et pourquoi pas le nouveau magazine lancé par notre autre confrère Eric Fottorino, Zadig, qui tire le portrait de cette France qui a besoin de se réconcilier avec elle-même et qui n’en finit pas d’envoyer des signaux faibles et que son journal s’attachera à détecter ?
On pourra aussi montrer à ces élèves, obligés à lire les pauvres, les images de ce kiosque à journaux calciné sur les Champs-Élysées. Une autre façon de leur faire comprendre que la semaine de la presse à l’école, ça les concerne autant que la grève scolaire pour le climat.
