La presse quotidienne revient ce jeudi matin sur la violence des casseurs envers les forces de l'ordre.
Ce matin en Une de vos journaux la colère, l’épuisement, l’indignation :
La Voix du Nord : le blues des policiers.
Nord éclair : On est fatigués, usés, on a peur.
Nice Matin : ça suffit !
Le Figaro : Casseurs : le gouvernement cherche toujours la riposte.
Au départ, un mouvement pour remettre en cause ce système économique créateur d’inégalité. Et l’on en est encore là :
Libération : Salaire des patrons : l’appel des 40 au CAC 40. Pas plus de 100 Smic, réclament les signataires.
Et L’Opinion s’étrangle : impôts et taxes : on est les champions. Avec 45,7%, la France dépasse désormais le Danemark et la Finlande pour la pression fiscale.
Et puis il y a cette Une énigmatique :
L’Éclair des Pyrénées avec ces magnifiques morceaux d’Ossau Iraty, emblématique fromage basque et ce titre : la menace canadienne. Un écho à l’appel de José Bové contre le traité de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada, qui, une fois de plus, sacrifie notre agriculture et en particulier nos produits d’appellation d’origine pour favoriser les multinationales de services.
Casseurs
Ce n’est pas seulement de l’indignation que l’on trouve ce matin dans les éditoriaux. C’est de l’inquiétude. "C’est moins l’ordre social qui est en cause, note Bernard Stefan dans La Montagne, que l’ordre tout court, moins la loi Travail que la loi tout court". Dans Le journal de la Haute Marne, Patrice Chabanet voit chez ces casseurs désormais organisés en commandos, une évidente détermination à tuer du flic. Confusion, laxisme sont les mots qui reviennent. Et pas seulement parce qu’une part de la droite et de l’extrême droite y voit une aubaine. Dans Les Echos, Cécile Cornudet nous offre un florilège des commentaires du côté des Républicains. "Petits barbares cagoulés", pour François Fillon, "État insurrectionnel" pour Bernard Debré. Au "ça va mieux" de François Hollande, l’opposition, nous dit-elle, répond par un "ça se délite". Mais au-delà des clivages politiques, ce constat est sans doute le seul à rassembler aujourd’hui les Français.
Panama Papers
Evasion fiscale, prédation financière. Avant que Nuit Debout ne dégénère en kermesse du gauchisme culturel, entre obsession post-coloniale et slogans anti-flics, le mouvement voulait dénoncer tout cela. Et Le Monde nous en fournit un exemple amusant. Me Philippe Penning est avocat d’Antoine Deltour, le lanceur d’alerte à l’origine de l’affaire Luxleaks. Sauf que son nom apparaît dans les Panama Papers. Son cabinet est intervenu comme intermédiaire pour au moins 47 sociétés enregistrées au Panama ou aux Seychelles. Bien sûr, il se défend. Ce n’est pas lui, ce sont ses collaborateurs. Dans un communiqué, l’avocat estime qu’on peut, dans son métier, défendre un jour un auteur d’une infraction et le jour suivant une victime d’infraction et que la seule personne qui pourrait lui faire un reproche serait son client lui-même. Dans une société régie par le droit et le marché, la vergogne est rare.
Méditation et bien-être
Qui osera faire un lien entre la baisse du lectorat des hebdos et leur propension à traiter de tout sauf des sujets de fond ? La Une du Point cette semaine : concentration, anxiété, santé : Méditation, pourquoi ça marche ? Avec ce sous-titre éclairant : école, entreprise, les clés de la réussite. Alors plutôt que le dossier du Point, on lira l’article de Libération qui décortique ce phénomène du bien-être obligatoire dont le seul but est la performance. Tous les domaines de la vie sont touchés : dans les Facs, autrefois temples de la beuverie, des contrats de bien-être ont fait leur apparition. Au lit même, la cabriole est désormais une affaire de calories brûlées que l’on peut compter grâce à un affriolant anneau de plastique ingénieusement placé autour du pénis. Bien-être partout, plaisir nulle part. Évidemment, le yoga en forêt ou le coaching équestre, c’est pour les riches, ceux qui vont bien, ceux qui vont pouvoir se recentrer avec délectation sur leur petit narcissisme. Alors vive la mélancolie improductive et les plats en sauce.
Dans la série des innovations majeures, le site Slate nous signale l’invention d’un parfum odeur de vieux livres. Cette odeur particulière générée par la dégradation du papier et de ses composants chimiques imprègne la mémoire de tous ceux qui ont grandi parmi les livres. Entendez les plus de 40 ans. Pour draguer les bibliophiles, il paraît que c’est formidable. Après les flics, on peut brûler les livres, on a le parfum.